Fillon, mariages et enterrements

Le Canard Enchaîné – 15/03/2017 –

« C’est terrible de découvrir à quel point Fillon est cupide. » Gérard Larcher, le président du Sénat, était très abattu après la lecture du dernier « JDD ». Lequel venait de révéler que le candidat de la droite s’était fait offrir quelques fringues de luxe et de grand prix (48 500 euros en quatre ans) par un mystérieux quidam.

Fillonistes patentés depuis des années, Larcher et son vieux complice Bernard Accoyer, ancien président de l’Assemblée, étaient encore plus effondrés, mardi 14 mars, en prenant connaissance dans « Le Parisien », des « remboursements » effectués par les enfants Fillon sur le compte de leurs parents. Devant leurs amis, ils se disaient l’un et l’autre « complètement sciés » par l’accumulation de ces « affaires de fric » qui touchent leur candidat.

« Fillon a cassé sa famille politique », a lancé le président du Sénat, après avoir rappelé qu’il était fâché avec lui depuis le 17 février, jour où il avait demandé au candidat s’il avait « d’autres trucs à cacher« . « Nous avons le droit de savoir, a-t-il poursuivi, car tu nous amis dans la merde. »

Cette histoire de remboursement de frais de mariage et de loyer a fait marrer, en tout cas, le sarkozyste Brice Hortefeux, qui a lâché, mardi matin : « Dommage pour Fillon qu’il n’ait pas eu plus de cinq enfants ! »

Et l’épisode des costards a eu l’immense mérite de dérider Alain Juppé soi-même. « Moi ce que j’apprécie beaucoup, ce sont les chaussures ! s’est écrié le maire de Bordeaux. François a peut-être un plan pour m’en faire offrir. »

Nicolas Sarkozy n’a pas voulu être en reste : « Soutenir ce mec, est un vrai chemin de croix a-t-il commenté. Je sais que l’astuce est un peu éculée, mais imagine-t-on le générale de Gaulle se faire offrir des costumes ? La morale est un sujet qu’il ne peut plus aborder. » Devant ses amis réunis dans ses bureaux de la rue de Miromesnil, qui parlaient des « Thénardiers de Sablé » et plaisantaient sur le thème : « il est fort ce Fillon, il a fait payer le mariage de sa fille par le Sénat !« , l’ancien chef de l’État a prononcé une sorte d’oraison funèbre. « Fillon est mort de chez mort, a t-il dit. Et toute solution alternative est morte aussi. Ça va donc être le chaos. » Et Sarko de souligner l’importance de placer ses hommes de confiance (Baroin, Chatel, Wauquiez) aux postes essentiels, afin de contrôler le parti Les Républicains. L’ex est paraît-il, persuadé que « dans deux ou trois ans », la France regardera de nouveau vers lui, si, si !

Comme quoi, ça ne sert pas de leçon, de se prendre plusieurs vestes d’affilée.