Le candidat de la droite affirme être la cible d’une « machination » organisée par l’Etat et alimentée par « des fuites organisées contre le secret de l’instruction ».
Le Monde | 23.03.2017 |
Depuis les premières révélations du Canard enchaîné sur des soupçons d’emplois fictifs de son épouse et de deux de ses enfants, diffusées le 24 janvier, François Fillon a progressivement durci et radicalisé son discours, ciblant en particulier les médias et la justice.
Dans cette escalade verbale qui accompagne chaque avancée de l’enquête judiciaire menée à son encontre, le candidat de la droite a franchi un nouveau palier, mercredi 22 mars, en dénonçant une « machination » qui serait organisée par « les services de l’Etat ».
Des propos à la hauteur, si l’on peut dire, des nouvelles mises en cause le concernant. Le Monde a révélé, mardi 21 mars, que le Parquet national financier (PNF) a délivré, jeudi 16 mars, un réquisitoire supplétif pour « escroquerie aggravée, faux et usage de faux » aux juges d’instruction chargés de l’enquête sur les époux Fillon.
Le Canard enchaîné a par ailleurs indiqué que M. Fillon aurait touché 50 000 dollars pour avoir mis en relation, en 2015, un des clients de sa société 2F Conseil avec le président russe Vladimir Poutine et le PDG de Total.
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« Comme par hasard »
Lors du conseil des ministres, François Hollande – cité par le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll – a demandé « l’exemplarité » pour ceux qui briguent « les plus hautes responsabilités », évoquant la démission du ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, et la mise en cause de M. Fillon. Le Parti socialiste a explicitement demandé au candidat de la droite, dans un communiqué, de retirer sa candidature à l’élection présidentielle.
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Fillon a pris prétexte de ces propos pour hausser encore le ton. Sans doute cherchait-il à couvrir le bruit tonitruant des affaires le concernant, ainsi que le parallèle qui n’a pas manqué d’être établi, à gauche, entre la démission de M. Le Roux et son propre maintien. Interrogé sur Franceinfo, mercredi, M. Fillon a visé haut, et puisé allègrement dans le registre complotiste. « Les masques tombent, a déclaré le candidat sur Franceinfo. La machination que je dénonce depuis des semaines est maintenant aux yeux de tous les Français. Chaque semaine, il y a des fuites organisées contre le secret de l’instruction. »