Un trafic très mielleux

Le Canard Enchaîné – 22/03/2017 – Conflit de Canard –
En Slovaquie, le petit déjeuner est un sujet sensible ! Le « Canard » en a parlé la semaine dernière, Bratislava a fait un barouf diplomatique auprès de Bruxelles au motif que le Nutella qu’on lui fourgue est une pâte à tartiner au rabais, « moins riche, moins crémeuse, moins complexe » que chez ses voisins. Mais les slovaques s’énervent aussi au sujet de la qualité du miel. Ils ont tellement tanné la Commission européenne que celle-ci vient de rendre son audit sur les miels frelatés. On y découvre que 20 % des miels sont trafiqués avec du rajout de sucre liquide. Le double de ce que l’on suspectait ! Et pas seulement en Slovaquie…
Bruxelles autorise les fabricants à ajouter au miel naturel 5 % de sucre de canne ou de betterave. Mais pour repousser la limite, les margoulins ont eu l’idée de mélanger le miel avec du sirop de sucre à base de maïs. Résultat : certains miels passent comme une fleur les contrôles avec des pots contenant 50 % de sirop industriel. Pointée du doigt, la Chine; le plus gros producteur de la planète, qui en exporte vers l’Europe 100 000 tonnes par an. Les tricheurs y vont avec d’autant plus d’enthousiasme que l’assaisonnement était quasiment indétectable : impossible ou presque de différencier le sucre industriel de celui fabriqué par les abeilles.
Mais voilà que la Commission européenne, poussée par les Slovaques, a sorti l’artillerie lourde des analyses : spectromètre de masse et chromatographie en phase liquide, rien que ça. A la lecture du rapport on découvre que les faussaires du miel ne se contentent plus de sucrer les pots. Certaines abeilles sont désormais nourries avec du sucre industriel ! Une « adultération indirecte difficile à détecter », souligne le rapport, en particulier par les tests standards mis en œuvre par les États membres.
Ce qui a fichu le bourdon au Slovaques, ce sont les stats qui ne collent pas. Alors que les chinois engloutissent chaque année 700 000 tonnes de miel, auxquelles il faut ajouter, à la louche, 200 000 tonnes destinées à l’export, le pays en produit officiellement 450 000… Cherchez l’erreur.
Rejointe par la Hongrie et par la Slovénie, la Slovaquie réclame carrément à l’Europe l’interdiction du miel de Chine ou, à défaut, la révision de la législation, pour plus de transparence sur l’étiquette. Aujourd’hui, le miel chinois coupé est, la plupart du temps, mélangé avec une cuillerée de miel européen, histoire d’être étiqueté « Origine Union européenne et autres pays ». Les Chinois vont encore dire qu’on leur casse du sucre sur le dos…

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