Affaires du FN – les documents qui accusent Marine Le Pen : témoin à charge contre « un système mafieux »

Des documents trouvés au siège du Front national, et consultés par « Le Monde », font état de la volonté du parti d’extrême droite de se financer grâce au Parlement européen.
LE MONDE |  30.03.2017  | Par Olivier Faye et Simon Piel

Les eurodéputés FN Louis Aliot,  Marine Le Pen, Florian Philippot et Marie-Christine Arnautu, au Parlement européen,  à Strasbourg,  le 11 mars 2015. PASCAL BASTIEN/DIVERGENCE
Le 16 juin 2014. Voilà près de trois semaines que le Front national a remporté une victoire sans précédent aux élections européennes. Vingt-quatre députés issus du parti d’extrême droite siègent au Parlement européen, constituant la première délégation française à Strasbourg. Mais en même temps que cette expansion électorale, le FN a vu ses dépenses augmenter dangereusement au cours des derniers mois. A tel point que son trésorier, Wallerand de Saint Just, prend la plume, ce jour-là, pour alerter sa présidente, Marine Le Pen.
« Ma chère Marine, voici les comptes 2013 et une présentation un peu différente faite par moi-même. En 2013, les dépenses ont été mensuellement de 100 000 euros plus élevées que prévu », commence l’ancien avocat. Les « réceptions », les « voyages » ou encore les « congrès-manifestations » ont connu une augmentation en flèche. « Ces postes sont difficiles à contrôler », s’alarme le trésorier. Fort heureusement, Wallerand de Saint Just, homme de confiance de la présidente, a une solution toute trouvée. « Dans les années à venir et dans tous les cas de figure, nous ne nous en sortirons que si nous faisons des économies importantes grâce au Parlement européen et si nous obtenons des reversements supplémentaires. »
Ce courriel, saisi par les enquêteurs lors des perquisitions menées au « Carré », le siège du Front national, à Nanterre, les 17 février 2016 et 20 février 2017, fragilise la défense du parti d’extrême droite, qui est accusé d’avoir détourné des fonds européens pour financer son train de vie. D’autres documents comptables saisis sur le bureau de M. de Saint Just sont à l’avenant. Plus de dix d’entre eux, dont certains remontent à 2012, mentionnent les expressions « économies dues aux députés européens » ou « économies avec européennes ».
Le 21 mai 2014, à la veille du premier tour des élections européennes, le trésorier…
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Financement du FN : Aymeric Chauprade, témoin à charge contre « un système mafieux »
LE MONDE | 29.03.2017 à 12h39 | Par Olivier Faye et Simon Piel
L’eurodéputé et ex-conseiller au FN explique comment Marine Le Pen a pris le contrôle de l’embauche des assistants parlementaires.
Aymeric Chauprade, ancien conseiller de Marine Le Pen, à Paris, en janvier 2014. BERTRAND GUAY / AFP
Le témoignage est gênant car il émane d’un acteur qui se trouvait, il y a encore deux ans, dans les plus hautes instances dirigeantes du Front national. Aymeric Chauprade, député européen et ancien conseiller pour les relations internationales de Marine Le Pen, un temps pressenti pour le poste de vice-président du parti d’extrême droite, est devenu un contempteur sévère du système de financement du FN et des hommes qui le composent. « Le parti n’est pas un parti politique, mais une entreprise privée avec une façade idéologique », dénonce-t-il auprès du Monde.
Mardi 28 mars, l’ancien professeur à l’Ecole de guerre a témoigné devant les enquêteurs chargés de déterminer si le FN a bien détourné de l’argent du Parlement européen – et donc les impôts versés par les contribuables – pour assurer son fonctionnement interne, en France. Le Parlement de Strasbourg réclame, pour l’instant, le remboursement de plus d’un million d’euros à six députés, dont Marine Le Pen, en retour du versement présumé indu de salaires versés à des assistants parlementaires qui n’auraient pas réellement travaillé pour l’institution.
« Le 4 juin 2014, Marine Le Pen réunit au Parlement à Bruxelles la vingtaine de députés FN qui ont été élus quelques semaines plus tôt, raconte M. Chauprade au Monde. Elle nous explique que nous n’aurons pas à reverser une partie de nos indemnités au FN [pratique courante pour tous les partis], mais, qu’en échange, il faut accepter de n’embaucher soi-même qu’un seul assistant pour nos activités d’élu. Elle nous dit : “C’est moi qui vais contrôler l’enveloppe des assistants. Il y aura un formulaire de délégation de pouvoir pour le recrutement.” »
Une autre réunion sera organisée, le 30 juin, pour mettre en place ce système. « La procuration sera une condition nécessaire mais non suffisante, car le recrutement in fine fait l’objet d’une signature du député », ajoute M. Chauprade.
L’élu……
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Au siège du FN, le 17 février 2016 : récit d’une perquisition mouvementée
LE MONDE | 29.03.2017 | Par Simon Piel et Olivier Faye
La parti d’extrême droite joue le rapport de force avec la police et la justice qui enquêtent sur les soupçons d’emploi fictif d’assistants d’eurodéputés FN.

Au siège du Front national, à Nanterre, le 20 février 2017. CHRISTOPHE SIMON / AFP
C’est un véritable affrontement que le Front national a engagé avec l’institution judiciaire et la police dans le cadre de l’enquête menée sur l’emploi présumé fictif d’assistants parlementaires par le parti d’extrême droite au Parlement européen. Un rapport de force qui vire par moments à la farce.
Marine Le Pen a donné le ton d’entrée de jeu, lors de la première perquisition menée au « Carré », le siège du parti, à Nanterre, le 17 février 2016. Quand les policiers de l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales arrivent à 9 h 45, la présidente du FN dit son refus d’assister aux opérations, tout comme de désigner des représentants. Tenus de réaliser cette perquisition en présence de témoins, les enquêteurs en choisissent deux parmi les salariés du parti.
Alors qu’ils avancent méticuleusement de bureau en bureau, à la recherche de documents pouvant intéresser leur enquête, les policiers arrivent devant celui du vice-président du FN, Florian Philippot. Téléphone en main, il filme les enquêteurs et les prend en photo. Le député européen dit agir sur demande de sa présidente, à laquelle, reconnaît-il, il ne peut rien refuser. L’énarque finira par ranger son téléphone, à la demande des policiers.
Quelques minutes plus tard, c’est au tour de Marine Le Pen de se mettre à filmer, elle aussi. Quand les policiers se présentent à son bureau, la candidate à l’élection présidentielle, qui brandit son téléphone, « se réjouit ouvertement de pouvoir alimenter de vidéos les réseaux sociaux », écrivent les enquêteurs dans leur procès-verbal. Elle refuse de s’arrêter.
Au contraire, notent les policiers, la fille de Jean-Marie Le Pen « coince son téléphone portable dans son décolleté de manière qu’il puisse toujours filmer et nous demande en souriant si on viendra le chercher ». La provocation est efficace.
« Eu égard à l’attitude de Mme Le Pen, il a été impossible de procéder…
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Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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