Fillon financé par des intégristes

La Gazette Déchaînée – 16/03/2017 – journal mensuel N°1 –
Emplois fictifs, commissions occultes, petits cadeaux et grandes zones d’ombres… La campagne de François Fillon est loin de se passer comme prévu. Mais derrière les affaires, c’est l’ascendant pris par les intégristes catholiques sur le candidat qui devrait inquiéter l’opinion publique.
Les intégristes derrière le business plan de Fillon ? C’est sans doute ce qui se trame derrière la campagne de lancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Dans les premières heurs qui ont suivi sa nomination, François Fillon s’est entouré de conseillers et de relations très spécifiques. Civitas (2) et Sens commun (1) sont désormais au cœur de toute la stratégie du candidat de la droite dite « républicaine ». La clé de cette relation ? Les accointances catholiques de Fillon ne sont plus à démontrer et une alliance directe, amis discrète avec les représentants plus ou moins officiels de cette frange de l’opinion publique correspond totalement au projet du Sarthois.
Depuis plusieurs semaines, des milliers d’euros affluent vers les caisses du micro-parti la Force Républicaine. Les micros partis sont en réalité des caisses noires dédiées aux candidats et à leurs aspirations. Dans ce cas, la Force Républicaine draine les capitaux les moins avouables et camoufle, le temps d’une élection, les liens bien réels qu’entretiennent les catholiques intégristes et et le champion de la droite morale. Exemple frappant : le rassemblement organisé par les soutiens de François Fillon au Trocadéro et si déterminant pour le maintient du candidat malgré les défections, a en  réalité été commandité par le groupuscule Sens Commun. Association traditionaliste, anti-avortement et anti-islam, cette organisation a financé l’ensemble des dépenses relatives à ce meeting. De l’aménagement des lieux à l’acheminement de spectateurs en passant par la sécurité et la logistique… le moindre petit denier est sorti de la poche de cette organisation.
Un costume de candidat sur mesure
Cela n’aura échappé à personne, François Fillon s’est vu offrir une série de costumes de luxe pour une somme de 50 000 euros. Les costumes ayant été payés en liquide, le nom de tous les généreux mécènes n’a pas encre filtré et laisse entrevoir le pire. Cela jette le discrédit sur le désormais ex-monsieur Moralité de la politique française. Mais c’est d’un autre costume dont il est question ici. Un costume porté par un autre homme. Charles Millon, l’ancien ministre de la Défense, vient en effet de renouer avec la vie publique en annonçant son intégration à l’équipe de campagne de François Fillon. au-delà de son expérience, ce sont ses relations troubles avec l’extrême droite qui inquiètent l’opinion publique. En 1998, alors qu’il briguait la présidence de la région PACA, Millon s’alliait au Front national pour s’imposer au second tour du scrutin et en a subi les conséquences. Quelques semaines après l’élection, il tombait en disgrâce et était renvoyé par l’UDF (3). Mais au-delà de cette chute et de la traversée du désert qui s’ensuivit, la présence actuelle de Charles Millon dans l’équipe de campagne de François Fillon en dit assez  long sur les orientations stratégiques de cette présidentielle. La frontière intellectuelle qui sépare les Républicains et le Front national tend à disparaître et Fillon s’en contente très bien. Dans ses thèmes de campagne comme dans la composition de son équipe, le candidat opère une mue frontiste flagrante.
Le procès stalinien fait aux institutions
Conscient des difficultés qui sont désormais les siennes, Fillon a battu le rappel de ses troupes pour allume un contre-feu. Il n’est plus l’heure de justifier l’injustifiable, mais de détourner l’attention. Dans ce contexte, la justice et les juges sont pointés du doigt. Pratique ? Sans aucun doute. Mais la manœuvre rhétorique semble déjà trouver un écho favorable auprès des militants les plus déterminés. Dans le prisme de la logique filloniste, tout ce qui est reproché au champion des Républicains est issu d’un vaste complot visant à déstabiliser le seul homme capable de redresser la France, un mode d’action largement emprunté au Front national. En tentant de déstabiliser de la sorte le pouvoir judiciaire, il allume un incendie dont personne ne saurait évaluer les conséquences à moyen ou long terme…
Tout cela pour sauver les apparences et une campagne qui, d’ores et déjà a du plomb dans l’aile. De l’autre côté de la tribune, les supporters agitent frénétiquement les drapeaux bleu blanc rouge. Bercés par les discours de Civitas et de Sens commun, deux groupuscules religieux maquillés en think tank citoyens, les soutiens de François Fillon incarnent ce que le catholicisme français a de plus effrayant : l’extrémisme conservateur et le retour à des valeurs  qu’on pensait oubliée depuis 1905 et la séparation de l’État et de l’Église. Preuve que la tendance est au durcissement des esprits, on n’hésite plus à donner dans la caricature raciste et antisémite sur les supports de communication des Républicains. Peu à peu, la droite dite « républicaine » glisse vers le spectre du repli identitaire et de l’isolement névrosé. Les commanditaires et les financeurs du candidat, qu’ils viennent de Civitas, de la Manif pour tous ou d’autres officines réactionnaires, se frottent les mains. En prolongeant la dynamique qui a pu porter leur candidat jusqu’au sommet des sondages, ils pourraient voir les portes de l’Élysée s’ouvrir grand devant eux…
 (1) Lire aussi  : Sens commun, ce lobby ultra-conservateur qui infiltre la droite (Le Parisien – 27/02/2017 )
(2) Civitas, connu aussi sous le nom de France Jeunesse Civitas ou Institut Civitas, est une association généralement considérée comme catholique intégriste, «national-catholique » et d’extrême-droite. L’association se définit elle-même comme un « lobby catholique traditionaliste ». Ce groupe, estime l’ex-ministre de droite Luc Chatel, d’abord proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, et, à mesure qu’il se politise, devient un parti politique.
(3) Lire : Charles Millon prônait, il y a six mois, un projet commun entre la droite et le FN (Libération / 14/03/2017 )
L’Union pour la démocratie française (UDF) est une ancienne fédération de partis politiques français de centre droit, d’inspiration démocrate-chrétienne et libérale, fondée en 1978 en soutien au président Valéry Giscard d’Estaing. l’UDF s’est dissoute dans le Mouvement démocrate le 30 novembre 2007.

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