Les dealers de graines libres

Siné Mensuel  N°64 – mai 2017 –Léa Gasquet –
L’association Graines de troc permet aux jardiniers amateurs d’échanger des milliers de semences libres de droits. Une dizaine d’entreprises se partagent 75 % du marché mondial des semences. Un quasi monopole ! En Europe, pour être commercialisée, une graine ou des plantes doivent être inscrites au catalogue des variétés agricoles créé par une directive européenne en 1970.  Ce catalogue n’en contient que 45 500 : une goutte d’eau dans l’océan de la biodiversité. Or « la biodiversité est une sécurité« , alerte Sébastien Wittevert, maraîcher en Charente-Maritime. « Les variétés anciennes ont un bagage génétique très riche qui leur permet de s’adapter aux changements de terroir et de climat, contrairement aux variétés standardisées du catalogue. » 
Après la crise de subprimes, cet informaticien spécialisé dans la finance de marché découvre le monde des Amap et se reconvertit dans le maraîchage à La Rochelle.En 2012, il créé Graines de troc, une association et un site où des jardiniers amateurs s’échangent des graines soit directement, soit via une monnaie alternative (un don vaut un jeton). En quelques années, Graines de troc s’est étoffé de 6 000 variétés de légumes, de fleurs et de plantes. Elles sont garanties sans hybrides F1, ces croisements stériles qui obligent jardiniers et agriculteurs à racheter des semences chaque année.
Certaines sont répertoriées au catalogue européen, d’autres non. « Il y a des variétés familiales qui n’ont même pas de nom. Celle qui me touche le plus, c’est la laitue de M. Kleber, 93 ans. Sa mère la cultivait déjà avant lui. C’est une laitue bonde de printemps parfaitement adaptée au terroir rochelais« , glisse Sébastien Wittevert, gourmand. L’association a développé un réseau de 400 grainothèques dans toute la France : des boîtes, souvent installées au rayon botanique des médiathèques municipales, dans lesquelles chacun peut déposer ou prendre des sachets de graines. La première Grainofête s’est déroulée en mars dernier juste avant le début du printemps et des apéros-trocs sont régulièrement organisés par les collectifs des troqueurs locaux.
Des lois qui favorisent l’agro-industrie
« Nous sommes à priori dans les clous de la législation car il n’y a pas d’échanges marchands dans notre activité« , assure Sébastin Wittevert qui déplore des textes juridiques flous favorisant les gros semenciers. En juillet 2016, l’Assemblée et le Sénat adoptent un nouveau texte dans le cadre de la loi sur la biodiversité qui autorise les associations à échanger et vendre des semences non issues du catalogue européen. Cette maigre avancée est aussitôt retoquée par le Conseil constitutionnel.
L’association Kokopelli, qui se bat depuis 1999 pour « la libération des semences et de l’humus », n’a pas peur des bisbilles avec la justice. Parmi les quelque 2 000 variétés libres de droits qu’elle propose à la vente, beaucoup ne sont pas enregistrées au fameux catalogue et donc considérées comme illégales. Ces dealers de graines ont perdu plusieurs batailles judiciaires mais ils ont réussi à redorer la popularité des variétés anciennes comme la tomate noire de Crimée qui avait presque disparu. Le dernier procès en date s’est soldé par une victoire en demi-teinte en 2014. Après dix ans de procédures et une première condamnation de Kokopelli, contrainte de verser 10 000 euros de dommages et intérêts au semencier Graine Baumaux, la cour d’appel de Nancy a finalement rejeté l’accusation de « concurrence déloyale ». L’association poursuit son action à travers le monde avec sa campagne « Semences sans frontières » » auprès de communautés rurales pauvres. Du Pérou au Népal, en passant par le Zimbabwe ou la Namibie, elle offre des centaines de kilos de graines libres aux paysans afin de les aider à retrouver leur indépendance.
Un commentaire de Jean Claude Divet de Spotjardin.com.
Je suis très sensibilisé au contenu de votre publication car je connais très bien les démêlés judiciaires que connaitKokopelli avec Baumaux ce qui est scandaleux. De quel droit ce semencier s’accaparerait il les graines qui appartiennentà la nature et certainement pas à une poignée de semenciers qui voudraient nous interdire de faire nos propres graines.
J’ai un site sur la culture bio et la permaculture https://spotjardinmonsite.com Je partage et j’échange beaucoup pour faire connaitre au plus grand nombre qu’il y a un moyen de faire autrement en informant que les graines peuvent être achetées chez certains semenciers de graines anciennes ou bio ce qui permettra de refaire ses propres semences par la suite. J’ai d’ailleurs une publication qui informe où se procurer ces graines https://spotjardinmonsite.com/2017/02/13/ou-acheter-vos-graines-par-pestoune/
Ce serait un grand plaisir de recevoir votre visite sur mon site si vous le souhaitez bien sûr.

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