Ces citoyens qui surveillent les malversations des élus

Siné Mensuel N° 64 – mai 2017 – Blandine Flipo –
Sans eux, les élus feraient leurs petites affaires tranquillement sans être inquiétés. Eux, ce sont les citoyens qui débusquent les permis de construire illégaux, les faits de corruption, qui se mettent au droit pour traîner nos élus devant les tribunaux. Sacré boulot !

Alain Baraquie habite un chouette petit village en Ardèche. Au Cheylard, il est peinard. Il affectionne tout particulièrement les chemins de randonnée qui sillonnent le coin. En novembre dernier, raconte-t-il, « je suis passé devant une pancarte. Je me suis arrêté, j’ai lu « enquête publique en vue d’aliénation de chemins ruraux« . En furetant, Alain Baraquie découvre que les propriétaires de l’usine Perrier veulent s’approprier cinq chemins, notoirement utilisés par la population. Et que la mairie est d’accord… « A la mairie, j’ai croisé des gens farouchement opposés  à la vente par la commune de ces chemins à Perrier, mais qui pensaient le combat perdu. » Alain a l’expérience de la com’. En moins de 48 heures, il pond des flyers, lance une pétition, alerte les journalistes. « J’ai travaillé trois mois à mi-temps sur cette histoire. On a fait des manifs, des interviews… » Résultat des courses : le maire a renoncé à les privatiser. Tant pis pour Perrier !
Soupçon de corruption
Le combat d’Alain Baraquie a connu un épilogue heureux. Mais ce n’est pas toujours le cas. La plupart du temps, difficile pour un simple citoyen de faire entendre raison aux élus. Même quand la loi est de son côté… Exemple dans les Landes. José Manarillo est retraité de la fonction publique, et militant actif de la Sepanso, association de protection de l’environnement. Il habite à Capbreton où, depuis plusieurs années, son association se bat contre l’extension de Leclerc sur une dune située en zone naturelle inconstructible. Cette extension accordée par les élus au géant Leclerc a été interdite par les tribunaux. Deux fois. Et malgré ces condamnations, les élus ont une fois de plus recnduit leur autorisation à Leclerc au printemps ! José Manarillo : « A qui profite cette autorisation ? Forcément, il y a soupçon de corruption. » Dans une article acéré sur le blog de l’association, il a osé écrire ce soupçon. « Les élus n’ont rien dit. preuve que je ne suis pas tout à fait passé à côté. » A-t-il peur de se faire emmerder chez lui, après ça ? « Oh, moi je suis retraité, je n’ai rien à perdre« .
D’autres se lancent car ils ont déjà tout perdu. On vous avait parlé de Martine Donette et de Claude Diot qui ont dénoncé les 418 milliards d’infractions commises par les grandes surfaces. Ces deux commerçants ont tout perdu dans les années 90 en raison de l’installation d’une grande surface commerciale. Ils ont alors créé leur association, En toute franchise, qui traque les autorisations illégales accordées aux grandes surfaces.
Martine Donette : « J’ai commencé en 1999, je travaillais encore. Tout n’était pas encore sur Internet alors il fallait aller dans les mairies pour avoir les PLU. Et pour trouver un article de loi, il fallait venir à Paris chercher dans les archives du Journal Officiel… » Claude diot se marre : « Heureusement qu’on était deux ! » depuis, leur combat est devenu un plein-temps. Leurs adhérents les aident à financer les procédures.Mais celles-ci deviennent de plus en plus complexes, de plus en plus chères… Empêcher les élus de faire de la merde ? Possible. Mais il faut être sacrément généreux pour s’y atteler, en temps, en argent. Chapeau, les gars ! 

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
Cet article, publié dans Démocratie, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.