Emmanuel 1er et Vladimir le Grand à Versailles : un parfum « gaullo-mitterrandien »

L’Obs 29/05/2017

En choisissant le 300e anniversaire de la visite de Pierre le Grand à Paris pour entamer son dialogue avec son homologue russe, le nouveau président français renoue avec la diplomatie « gaullo-mitterrandienne ».
Ils raffolent, tous les deux, des symboles. Tous les deux veulent inscrire leur action dans l’histoire de leur pays. Pour leur première rencontre, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ne pouvaient donc rêver mieux que le château de Versailles. Mieux : que la célébration du 300e anniversaire de la visite du tsar Pierre Le Grand à Paris. Une rencontre typiquement « gaullo-mitterrandienne », pour reprendre l’adjectif inventé par Hubert Védrine, et remis à la mode par le nouveau président français.
La France intermédiaire entre Moscou et Washington
Gaulliste parce qu’en recevant le président russe juste après avoir passé de longues heures avec Donald Trump à l’Otan et au G7, Emmanuel Macron place de fait la France une sorte d’intermédiaire entre les deux grandes puissances. C’est lui qui présentera le premier au chef du Kremlin les conclusions des travaux de l’Alliance Atlantique et des sept puissances occidentales. Un rôle que De Gaulle a sans cesse cherché à jouer entre Washington et Moscou. Comme il ne ratait pas une occasion de montrer à la Maison Blanche qu’alliée fidèle de l’Amérique la France demeurait indépendante et libre de ses mouvements diplomatiques.

Le faste mitterrandien
Mitterrandien aussi pour deux raisons. Le faste d’abord dont le président socialiste adorait jouer pour impressionner ses interlocuteurs étrangers (on se souvient du sommet de Versailles juste après son élection). L’Europe ensuite. Par sa longue ambassade dans divers pays européens, Pierre Le Grand a cherché à ouvrir son pays arriéré aux nations les plus développées du monde d’alors, c’est-à-dire l’Europe. En le recevant sous ses auspices là, Emmanuel Macron invite implicitement Vladimir Poutine à renouer avec ses premières années au Kremlin quand il répétait qu’il souhaitait se rapprocher de l’UE et même de l’Otan.
Les fourberies du Kremlin
Gaullo-mitterrandienne, cette rencontre, enfin parce que, s’ils étaient attachés à la vieille alliance franco-russe, les deux illustres prédécesseurs d’Emmanuel Macron n’étaient ni l’un ni l’autre dupes des fourberies du Kremlin. Le nouvel hôte de l’Elysée, non plus.

Vincent Jauvert Journaliste

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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