Législatives : le vertige des pronostics

Le Canard Enchaîné – 07/06/2017 –
« Nous allons avoir beaucoup d’élus, presque trop, plus de 400 (sur 577 députés), il va falloir les encadrer de près pour éviter le foutoir. » A une semaine du premier tour des législatives, Emmanuel Macron avait du mal à cacher sa joie. Selon lui, l’engouement pour les candidats d’En marche ! résulte du « double effet de la présidentielle et du dégagisme« .
« Tout ce qui est affublé du signe des vieux partis est condamné« , a conclu devant ses conseillers le chef de l’État, qui espère à voix basse recueillir la majorité absolue sans avoir besoin des troupes de François Bayrou. Ni celle de la partie des Républicains qui souhaite le rejoindre après les élections législatives.
Gérard Collomb, maire de Lyon (il n’a toujours pas démissionné) et ministre l’Intérieur fait le même pronostic, mais un brin faux cul : « Nous allons dépasser le seuil des 400 députés. Parfois, des gens valables vont se faire battre par des gens de faible valeur. C’est triste, mais c’est comme ça, l’effet des vagues. »
Jusqu’à Jean-Paul Delevoye, le Monsieur législatives de Macron qui fait mine de s’inquiéter devant le raz de marée qui s’annonce : « Nous risquons d’être dépassés par l’ampleur de notre succès. Des dizaines de députés pourraient poser problème, se serait-ce que par leur activité de conseil. Il va falloir surveiller tout ça (les conflits d’intérêts) ».
De son côté, François Baroin, le pilote Républicain des législatives, fulmine : « On va prendre une très grosse dérouillée« , a-t-il prédit la semaine dernière, revoyant une nouvelle fois à la baisse ses prévisions : moins d’une centaine de sièges LR. « Les gens sont gentils, a-t-il ajouté, mais il y a peu de monde dans les réunions. en fait, on parle dans le vide. Rien n’imprime. Je suis comme les taulards, je compte les jours avant la quille. »  

Bernard Accoyer, ancien président de l’Assemblée nationale n’est pas moins pessimiste : « Nous allons prendre une déculottée historique« , s’est-il lamenté, annonçant même une défaite quasi totale des troupes Rep à Paris, excepté Claude Goasguen, dans les XVIème arrondissement.
La direction du PS s’attend elle aussi, à une bérézina. Parmi l’ancienne équipe gouvernementale, Manuel Valls pourrait être le seul survivant. L’ancien ministre des relations avec le Parlement, le vallsiste Jean-Marie Le Guen, qui ne se représente pas, voit l’avenir en noir : « Dès le premier tour, a-t-il dit le 31 mai à des journalistes, on va vivre l’implosion du système, un effet de souffle. au premier tour, il y aura une prime en faveur des candidats « En marche ! », qui, au second, vont récupérer face à la gauche, les voix de la droite et, face à la droite, les voix de la gauche. »
Curiosité supplémentaire : le MoDem de Bayrou, qui ne comptait plus aucun député (depuis la démission de Jean Lassalle), a de fortes chances de pouvoir bâtir un groupe parlementaire de 40 à 50 députés. Les démocrates-chrétiens vivraient là une vraie résurrection, un vrai miracle…
Saint Macron, priez pour eux…

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