Comme un pare-brise au temps des moustiques…

Charlie Hebdo – 07/06/2017 – Fabrice Nicolino –

L’expérience est à la portée de tout individu ayant vécu au moins cinquante ans. Jeunes, ne partez pas, c’est instructif. Il suffit de se rappeler une traversée de la France en bagnole, au temps jadis, disons en 1975. Eh bien ! il faillait plusieurs fois nettoyer son pare-brise, car des centaines de bestioles ailées, qui ne demandaient qu’à vivre, venaient s’y écraser.

Ouf ! C’est fini. Une étude aussi folle que réelle, publiée dans la revue Science, juge que 78 % des insectes pourraient bien avoir disparu depuis 1989. Cette même année, une équipe disposait un piège dit « Malaise », du nom de son inventeur, dans une réserve naturelle allemande. Il s’agit d’une sorte de toile noire et blanche qui piège et donne alors une bonne idée de la densité d’insectes. En 1989, on en récoltait entre 1 et 1,5 kg, contre seulement 300 g en 2013. Mais comme les chercheurs, ceux-là en tout cas, sens gens raisonnables, ils ont pensé qu’un biais avait pu se glisser dans leur travail. Ils ont donc tout recommencé en 2014, trouvant les mêmes résultats. 

Qui est responsable et pourquoi sont-ils morts ? Sans véritable surprise, l’étude évoque au premier rang la piste des néonicotinoïdes, cette longue lignée criminelle de pesticides, dont le fameux Gaucho, qui ont fait gagner tant d’argent à Bayer, à Syngenta, à BASF et à tant d’autres.

Dites, lecteurs ensommeillées, attendra-t-on la dernière coccinelle, le dernier bourdon, l’ultime mante religieuse pour s’attaquer enfin aux châteaux et forteresses du monde ?