Législatives – « En marche ! résiste aux chausse-trappes qui font l’ordinaire d’une campagne »

Dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », observe que la stratégie mise en place par M. Macron ne laisse aucune prise à ses opposants.
LE MONDE | 07.06.2017 | Par Françoise Fressoz (éditorialiste au Monde)
CHRONIQUE. Ils ont beau faire, rien n’y fait. Enclenchée au lendemain de l’élection présidentielle, la dynamique électorale de La République en marche (LRM) résiste aux chausse-trapes qui font l’ordinaire d’une campagne. Le phénomène est si dérangeant que les professionnels de la politique en perdent leur latin, à l’instar de l’ancien premier ministre, Bernard Cazeneuve, qui, à court d’arguments, parle désormais de « béatitude » autour d’Emmanuel Macron.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé de le déstabiliser, lui et son gouvernement, avant les rendez-vous cruciaux des 11 et 18 juin. Il y eut d’abord la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), dénoncée comme le coup de bambou fiscal qui allait frapper les contribuables sitôt passées les élections. Le parti Les Républicains (LR) en fit l’un de ses arguments de campagne pour espérer, un court moment, imposer une cohabitation au nouvel élu.
François Baroin, bombardé chef de file pour cette campagne après l’élimination de François Fillon, avait des souvenirs très précis de ce qu’avait coûté à Nicolas Sarkozy la hausse de la TVA envisagée par son ministre de l’économie, Jean-Louis Borloo, juste avant les législatives de 2007. « Il nous a fait perdre cinquante députés ! », fulminaient, après coup, les conseillers du président de la République.
Mais cette fois, peine perdue ! L’argument fiscal a fait flop. La polémique n’a pas pris. Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, y a pourtant mis du sien en affirmant, dans le sillage de la droite, que « les petites paies et les petites retraites allaient perdre 260 euros dans l’année ». Mais ce n’était que partiellement vrai et donc pas très convaincant.
Car si la CSG augmentera bien de 1,7 point en 2018, les cotisations maladie et chômage baisseront simultanément, si bien que les actifs sortiront gagnants de la réforme, contrairement aux retraités les plus aisés qui, eux, paieront plus alors que les autres seront exonérés ou bénéficieront d’une compensation grâce à la suppression de la taxe d’habitation promise à 80 % des contribuables. Vous n’avez rien compris ? Pas grave. Vouloir réformer le pays n’exclut pas l’habileté.
Syndicats hypnotisés
C’est ce que réalisent un peu tard les adversaires du nouveau président de la République qui, sur le chantier des ordonnances réformant le droit du travail, découvrent qu’ils ont affaire à un vrai Machiavel. Le projet a de quoi renvoyer dans la rue tous les manifestants traumatisés de la loi El Khomri.  Jean-Luc Mélenchon les chauffe à blanc en dénonçant un « coup d’Etat social », quand Benoît Hamon (PS) invoque « la grande braderie des droits des salariés ». Mais les deux brassent du vent car aucun détail du texte gouvernemental n’est encore connu et les syndicats, pris au jeu de la concertation, sont comme hypnotisés par le nouveau pouvoir.
Mardi 6 juin, à cinq jours du premier tour des législatives, le gouvernement s’est contenté de répéter que sa main ne tremblerait pas et qu’il irait vite. Ce qui était une façon de déstabiliser, à moindres frais, le PS et LR, des formations de plus en plus partagées entre constructifs et résistants. Vous avez dit novice ?

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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