neuf-quinze – Législatives 2017 : 1er tour

neuf-quinze@arretsurimages.eu le 12/06/2017
Législatives : la complainte silencieuse des répertoires obsolètes
09h15 S’il fallait résumer, il y avait deux informations essentielles à donner ce matin à l’auditeur embrumé : le résultat du premier tour de l’élection législative (la vague Macron, jamais vue depuis les débuts de la Ve République, de la République tout court, de la Convention, rayer les mentions inutiles) et le taux d’abstention (plus d’un électeur sur deux, jamais vu non plus, tout aussi record). Mais laquelle privilégier ? Pour tout journaliste, la ligne de démarcation passe exactement là. Privilégier le résultat, c’est regarder la France institutionnelle, celle des états-majors, celle des carnets d’adresses, celle des vieilles habitudes à perdre, et des nouvelles habitudes à acquérir.
A l’inverse, privilégier l’abstention, c’est regarder la France tout court, la France des villages et des quartiers, la France des lassitudes et des découragements, la France imprévisible qui va bien se réveiller un jour, de manière imprévisible. C’est peu dire que la machinerie médiatique préfère considérer le premier chiffre que le second, l’abstention étant perçue comme une sorte de catastrophe saisonnière, aussi vite oubliée que la canicule à l’automne. Mais pourquoi n’ont-ils pas voté ? se demandaient rituellement dimanche soir les plateaux télé. La vraie question, n’est-elle pas au contraire de savoir pourquoi les électeurs ont été, malgré tout, si nombreux à venir ratifier un résultat attendu ?
Entre les lignes des commentaires, s’entendait le sanglot silencieux des journalistes politiques, pleurant sur leur répertoire téléphonique, bardé de 06 désormais inutiles. Misayre ! A quoi bon désormais textoter à Cambadelis ? Ont-ils raison de pleurer ? Intuitivement, je dirais que rien ne se reconstitue plus facilement, qu’un répertoire téléphonique de journaliste politique, tant chacun y a intérêt, y compris dans la Macronie jupiterienne, où le patron a ostensiblement décidé de les snober. Mais plus rien n’est sûr. Il n’était qu’à voir, en fin de semaine dernière, la magnifique opération d’image réussie par Macron (1) au standard de l’Elysée, avec la seule aide d’un Facebook live, pour réaliser à quel point les medias classiques peuvent être désormais superflus. Pour longtemps ? Le match commence.
(1)https://www.challenges.fr/politique/a-48h-des-legislatives-le-gros-coup-de-com-de-macron-au-standard-de-l-elysee_479174
Daniel Schneidermann

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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