L’écolomag – mai/juin 2017 –
Dans un monde où tout va de plus en plus vite, le marcheur fait incontestablement figure de résistant. Randonneur, philosophe, pèlerin ou sportif, les raisons qui poussent chacun à marcher sont multiples : désencombrer son existence et son esprit, se ressourcer et s’alléger au contact de la nature, mais surtout, se sentir bien réel, présent et vivant.
Parce qu’elle marche « corps et âme », Odile Chabrillac sait nous prendre par la main et nous montrer tout ce que cheminer peut changer en nous : à l’heure de la (très) grande vitesse, on marche aussi pour « cheminer », en soi pour se délester de « poids » qui encombrent, vers l’autre et la nature pour ouvrir son cœur et son esprit ;
ALORS EN ROUTE !
L’écolomag : Qu’est-ce qui vous fait marcher autant ?
Odile Chabrillac : La joie et le sentiment d’être simplement vivante que le fait de marcher m’apporte. Pour moi, il s’agit d’une activité simple, qui est un moyen de concilier corps et esprit en harmonie. Et même si je pratique de nombreux sports, pour moi, la marche va plus loin et me ramène à un état d’être engagé dans la vie et serein.
La marche, une activité à pratiquer seul ou à plusieurs ? En conscience ou en mode lâcher-prise ?
O. C. : L’intérêt de la marche, c’est qu’il n’y a pas de bon mode d’emploi. On fait comme on aime, on fait comme on sent.La marche est synonyme de liberté. Donc, on peut la décliner sur tous les modes, au singulier comme au pluriel.
Pourquoi la marche est-elle souvent associée au pèlerinage ?
O. C. : Parce que de très nombreuses religions l’ont mise à l’honneur. Car il, s’agit d’un moyen simple, accessible à tous, par lequel petit à petit, notre personnage social se déconstruit afin d’aller profondément en soi. Se perdre pour se retrouver à un autre niveau, plus essentiel, voire plus spirituel.
Peut-on considérer la marche comme une thérapie ?
O. C. : Je ne sais pas si toutes les marches peuvent être considérées comme des thérapies – la marche d’un soldat en campagne, pas forcément. Mais si l’on marche dans un certain environnement, avec des personnes bienveillantes, si l’on ne parle pas trop, la marche favorise un retour vers soi-même qui, parfois, permet de voir plus clair en soi. Ensuite, certaines marches sont organisées avec un dessein réellement thérapeutique, avec un cadre, un thérapeute présent; elles peuvent alors conduire vers une évolution de la psyché.
Pourriez-vous nous donner quelques exemples de marches et leur spécificités ?
O.C. : La marche nordique est une manière de marcher plus dynamique que la randonnée, qui mobilise l’ensemble du corps en accentuant le mouvement de balancier des bras grâce à l’utilisation de 2 bâtons. La marche aquatique consiste à marcher dans l’eau avec un bon niveau d’immersion, c’est-à-dire avec une hauteur d’eau située entre me nombril et les aisselles, avec ou sans pagaie. Lors de la cani-rando, on est tracté par un chien, celui-ci étant relié à nous grâce à une longe accrochée à une large ceinture, tout en le guidant par la voix et les gestes.
Vous dites que la marche est finalement un chemin vers soi-même. pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
O. C. : Je pense que nous nous sommes tous construits une identité sociale sous diverses influences extérieures – notre famille, la société, les médias. La marche, parce qu’elle nous laisse face à nous-mêmes, nous incite à réfléchir, voire à déconstruire certaines de ces croyances. En outre, dès que l’on perd un peu de temps, on s’éloigne du chaos du monde, on est face à soi-même, préoccupé par l’essentiel : manger, boire, se reposer. Des choses qui nous semblaient avoir de l’importance en ont de moins en moins. On reconsidère sa vie, ses priorités,ses choix, ses envies… 
Parution 07/04/2017/ Editeur Leduc S. /220 pages / 16 €