Budget : les femmes coûtent trop cher

Charlie Hebdo – 26/07/2017 – Gérard Biard –
Aucune chance pour que Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, occupe la « une » des journaux et l’ouverture des JT comme l’a fait le général Pierre de Villiers, ex-chef d’état-major des armées. Aucune chance pour qu’elle suive son exemple et démissionne parce qu’elle n’est pas d’accord avec la réduction du budget alloué à son sous-ministère. D’ailleurs, elle est d’accord, et ne se prive pas de le clamer, en plusieurs fois 140 signes sur Twitter. pourtant, elle aurait des raisons de râler. Si le budget de la Défense a diminué de 2% en vingt-cinq ans, celui alloué au droits des femmes a fondu de plus de 25 % en vingt minutes. Le temps d’écrire un projet de décret que plusieurs associations ont eu en main, qui ampute de 7,5 millions d’euros un budget déjà famélique – à peine 27 millions d’euros, le plus petit budget du gouvernement…

Très fort, surtout pour un candidat, depuis devenu président, qui se proclamait bruyamment en anglais « feminist« , et qui promettait de faire de l’égalité femmes-hommes, la « grande cause du quinquennat« . C’est surtout bien parti pour être la grande farce. Farce dont le premier acte s’est joué en juin, avec la formation d’un gouvernement qui octroie royalement aux femmes un secrétariat d’État là où un ministère de plein droit aurait toute sa raison d’être, puisque les problématiques liées à l’égalité traversent tous les domaines couverts par l’exercice gouvernemental : l’économie, la justice, le travail, la santé, l’éducation, le logement, la culture, la jeunesse, la politique de la ville et des territoires, les sports…
Le budget au régime d’été
Cette réduction budgétaire qui frôle le sabotage confirme deux choses. La première, c’est que le gouvernement Macron est un casting. Marlène Schiappa s’est vu octroyer un rôle purement cosmétique, qu’elle s’emploie à tenir avec application. Après avoir dénoncé une « fake news sortie de nulle part« , elle a multiplié les tweets filandreux où elle admet des coupes du bout des lèvres en martelant que « les associations dont l’objet est l’accueil de femmes victimes de violences sexistes et sexuelles ne verront aucune baisse de subvention du ministère« . La Fédération nationale solidarité femmes, qui gère entre autres le numéro d’appel d’urgence 3919, pour les victimes de violences justement, est heureuse de l’apprendre : elle attend toujours le versement de la première moitié de ses subventions pour 2017. Même chose pour le Planning familial. Quant à l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail, c’est carrément son renouvellement de convention, qui lui aussi devrait être effectué depuis plus six mois qu’elle attend…
Tout indique que, bien qu’elles dépendent majoritairement des subventions de l’État pour se financer, ces associations vont devoir s’armer de beaucoup de patience. Dans un mail envoyé aux délégués départementaux aux droit des femmes et à l’égalité hommes-femmes, Jean-Philippe Vinquant, directeur général à la cohésion sociale et délégué interministériel aux droits des femmes, leur demande de « suspendre dans l’immédiat les opérations d’engagement et de paiement des crédits« . Bref, toutes les associations, quel que soit leur objet, voient leurs crédits bloqués. Avec souvent des excuses fumeuses. Ainsi, concernant les crédits dédiés au tout nouveau parcours d’aide à la sortie de la prostitution, le cabinet de Marlène Schiappa, explique que « cela est lié à la loi de 2016, pour laquelle il manque un décret du Conseil d’État« . Ce qui est faux, puisque les cinq décrets d’applications, ainsi que les circulaires, ont tous été adoptés. Mal informé, le cabinet ? 
Non. Car la deuxième chose que cette affaire confirme, c’est que les droits des femmes demeurent l’éternelle variable d’ajustement politique, sociétale et, dans le cas présent, comptable. Le 3919 ne répond plus ? Tendez l’autre joue, mesdames, c’est pour la bonne cause déficits et de la dette.
 Antonio Fischetti – 25/07/2017 -Le billet du jour
Que faut-il faire des femmes de présidents ? Le débat enfle actuellement, car Emmanuel Macron veut définir officiellement le statut de « première dame ». Cela déclenche des protestations et même une pétition (sur change.org), au motif qu’ « il n’y a aucune raison pour que l’épouse du chef de l’état puisse obtenir un budget sur les fonds publics ». Avouez qu’il est contradictoire de prôner l’interdiction des emplois familiaux chez les politiques, et d’accorder, en même temps, un statut à l’épouse du chef d’état. D’un autre côté, mieux vaut le faire sans chichis plutôt qu’en catimini, comme c’était le cas jusqu’à présent. Carla Bruni disposait de huit collaborateurs qui coûtaient 600 000 euros par an. Valérie Trierweiler coûtait un peu moins cher, avec seulement cinq collaborateurs, pour 396 000 euros par an. Et Brigitte Macron est déjà affublée de cinq collaborateurs. Il est de bon ton que les femmes de présidents se livrent à des activités caritatives. La fondation Carla Bruni œuvrait dans l’éducation, l’accès aux cultures artistiques et la lutte contre l’illettrisme. Légères nuances chez Brigitte Macron, qui devrait s’engager dans l’éducation, la culture… et le handicap. C’est toujours mieux qu’une Pénélope Fillon payée à rien foutre. Mais imaginez une inversion des sexes, et que les chefs d’état soient traditionnellement des femmes. Y aurait-il un statut de « premier homme », pour s’occuper des questions qui lui tiennent à cœur, telles que l’accès au foot, le rayonnement de la pétanque, ou l’éducation à la culture du pastis ? Qu’elle soit officialisée ou pas, il y a quelque chose de machiste dans cette vision de l’épouse de président, en dame patronnesse qui fait joujou avec des bonnes causes – et avec des moyens bien supérieurs à ceux de la plupart des associations – plutôt qu’en simple personne autonome financièrement.

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