Etats-Unis – Symboles racistes, l’hystérie new-yorkaise : Des maires retirent les symboles de la guerre de Sécession

Le Temps 08/092017 Valérie de Graffenried

Le maire Bill de Blasio s’est lancé dans une chasse aux objets et monuments rappelant des phases sombres de l’histoire des Etats-Unis.
Et soudain, il s’est réveillé. Après les récentes émeutes de Charlottesville, qui a vu suprémacistes blancs et militants antiracistes s’affronter autour d’une statue d’un général sudiste, Bill de Blasio, l’omniprésent maire démocrate de New York, s’est lancé dans une chasse effrénée aux symboles racistes.
 Son but ? Faire table rase de tous les monuments, statues, plaques et même enseignes qui pourraient rendre hommage à un personnage controversé. Même Christophe Colomb a désormais du souci à se faire. Précision de taille pour contextualiser cette hystérie soudaine: Monsieur le Maire est en campagne électorale.
Des tests sur des esclaves noires
A Harlem, c’est à la hauteur de la 103e rue que la statue de James Marion Sims trône fièrement, le dos tourné à Central Park, le buste face à la New York Academy of Medicine. Fièrement? La statue de bronze a eu droit à quelques jets de peinture couleur sang au niveau des yeux et du cou, ainsi que le mot « raciste » inscrit sur son buste. Elle a ensuite été entourée de barricades, et le jour où nous y étions, une voiture de police était parquée à quelques mètres pour la surveiller et éviter qu’elle ne soit de nouveau vandalisée. Une femme, son petit chien hirsute et délicat dans les bras, bombarde la statue de photos, le regard amusé. «Je vais regarder sur Internet de qui il s’agit», glisse-t-elle à son toutou.

On aurait pu lui répondre. James Marion Sims, mort en 1883, est un pionnier de la chirurgie, considéré comme le père de la gynécologie américaine. Il s’est notamment fait un nom en traitant les femmes avec des fistules vésico-vaginales qui leur valaient à l’époque d’être rejetées socialement. Et c’est à lui que l’on doit l’érection, en 1855, du premier hôpital pour femmes aux Etats-Unis, en l’occurrence à New York, avant son départ pour Paris, où il a été le chirurgien de l’impératrice Eugénie.
Mais ce que les plaques sur le socle de la statue ne disent pas, c’est que James Marion Sims a effectué des tests sur des esclaves noires – l’une d’elles a été opérée trente fois – sans la moindre anesthésie. C’est ce qui lui vaut aujourd’hui d’avoir le visage peinturluré en rouge et de s’attirer les foudres du maire, prêt à la déboulonner. Pendant des décennies, personne à Harlem ne semblait vraiment s’offusquer de cette présence, ni connaître les pratiques expérimentales du chirurgien Sims. Construite en 1884, la statue est à sa place actuelle depuis 1934 après avoir été érigée dans Bryant Park.
La plaque pour le maréchal Pétain

De l’autre côté de l’East River, à Brooklyn, des plaques à la mémoire du général sudiste Robert Lee, celui-là même qui a déclenché les heurts à Charlottesville, ont déjà été retirées. Ainsi que des bustes, dans un collège du Bronx. Ceux de Robert Lee et de Stonewall Jackson, un autre général sudiste. Sans même que le maire n’ait eu à intervenir.

Bill de Blasio, qui a annoncé le 16 août se donner 90 jours pour passer en revue tous les «symboles racistes» de New York, avait précisé dans un tweet que le maréchal Pétain serait le premier à être victime de son action: «La plaque commémorative en l’honneur du maréchal Pétain, collaborateur nazi, située sur la promenade du Canyon of Heroes, sera la première à être retirée». La polémique autour de l’inscription sur un trottoir de Broadway remonte à bien avant les événements de Charlottesville. La plaque a été fixée en 1931, avant que le maréchal Pétain ne devienne chef de l’Etat français à Vichy et collaborateur des nazis.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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