Bernie Sanders est le vrai chef de file des Démocrates pour 2020

Les Crises – 24/09/2017 – par Matthew Iglesias –
Photo par Duane Prokop/Getty Images pour MoveOn.org
La majorité de la classe politique ignore l’évidence, Bernie Sanders, est, à certains égards, l’homme politique le plus populaire d’Amérique et de loin l’orateur le plus recherché et le collecteur de fonds le plus prolifique de l’histoire des États-Unis. Ne vous y trompez pas : Sanders est le vrai favori démocrate pour 2020.
En ce moment, il fait exactement ce qu’un candidat qui échoue de peu doit faire pour se présenter la seconde fois. Il a créé une organisation politique nationale, il a resserré ses liens avec ses collègues du Capitole, il a maintenu une forte présence dans les médias nationaux et il parcourt le pays pour évoquer les problèmes qui se posent.
Il a subtilement infléchi ses orientations politiques au centre, ce qui le fait accepter dans des couches plus larges du parti. Dans le même temps, il n’a rien lâché sur les quelques questions qui lui tiennent à cœur comme Medicare, l’assurance-maladie universelle, et la gratuité de l’enseignement à l’université, ce qui lui donne exactement le programme clair et largement accessible qui fait défaut à beaucoup de Démocrates mainstream.
Bien sûr, s’il se présentait et qu’il gagnait, il aurait 78 ans et il serait, d’assez loin, le président le plus âgé de l’histoire des États-Unis. D’ailleurs, il ne se présentera peut-être pas. Cependant, ses récentes décisions laissent entendre qu’il a envie de se présenter et qu’il serait le candidat à se battre pour l’obtenir.
Personne ne pensait que Bernie Sanders avait des chances de gagner.
Quand on s’est rendu compte de l’impact de la campagne 2016 de Sanders, elle était déjà inéluctablement essoufflée. Presque personne, y compris Sanders lui-même, ne pensait pendant l’été ou l’automne 2015 qu’il avait la moindre chance de battre Hillary Clinton. Comme l’ont rapporté Patrick Healy et Yamiche Alcindor en avril dernier, il « doutait, au début, de pouvoir battre Mme Clinton, et, pour lui, son rôle était de faire entendre son message politique sur une Amérique manipulée, plutôt que de tout faire pour gagner l’investiture ». Et il s’est seulement alors appliqué à tenter de l’emporter quand ses sondages ont progressé, de façon inattendue, au début de 2016.
En conséquence, les dirigeants syndicaux proches de la critique de Sanders sur la ligne Clinton n’ont pas songé sérieusement à le soutenir effectivement. Au lieu de cela, ils se sont servis de sa présence dans la course comme levier pour obtenir de Hillary Clinton des concessions sur des questions comme le partenariat trans-pacifique et l’impôt Cadillac sur les plans d’assurance-maladie très généreux.
Les élus ont eu, presque unanimement, peur de le soutenir. Même si leurs opinions politiques étaient plus proches de celles de Sanders que de celles de Clinton et des groupes de réflexion de centre gauche — y compris ceux qui sont résolument à gauche des Démocrates mainstream — les élus se sont abstenus de travailler avec Sanders sur l’élaboration de sa politique, de crainte d’avoir à affronter le courroux de Clinton.
La prochaine fois, Sanders aura un grand atout : on ne le sous-estimera pas. En bref, les fondements ont été posés pour une primaire plus normale dans laquelle les membres du Parti démocrate, proches idéologiquement de Sanders, le soutiendront pour la plupart, plutôt que de soutenir son adversaire ou de rester neutres, comme ils l’ont fait en 2016.
Sanders forme son équipe.
Tandis que Sanders continue à mettre sur pied son équipe à Washington, son organisation de politique nationale, Our Revolution, travaille assidûment à faire élire des sympathisants de Sanders à des postes fédéraux et locaux. Il y a d’ailleurs, et c’est un élément important, une grande diversité ethnique dans la liste des élus de Our Revolution, un groupe qui inclut des membres du Congrès, des législateurs fédéraux, des présidents de partis d’État, et même des membres de conseils municipaux.
Enfin et ce n’est pas le moins important, tout en continuant à constituer son organisation politique nationale et à demeurer ,pour ses concitoyens, le porte-drapeau d’une génération montante de jeunes gens de gauche, Sanders se met à tenir compte des craintes qu’inspire aux responsables du parti l’extrémisme idéologique. Il maintient son adhésion militante à l’idée que « les Démocrates doivent garantir à tous, comme un droit, des soins de santé par le biais d’un programme de régime d’assurance-maladie à payeur unique » , et c’est là une idée à laquelle, depuis des années, la plupart des Démocrates, comme, par moments, Barack Obama, Hillary Clinton, Nancy Pelosi etc, ont dit adhérer en théorie mais qu’ils ont presque toujours hésité à mettre en pratique.
Bernie Sanders a un message clair
Si l’adoucissement de Sanders sur de nombreux sujets fonctionne pour lui, c’est en partie parce que sa campagne de 2016 a très bien renforcée sa stature de véritable héros de la gauche, désirant conquérir audacieusement le cœur du parti et dire des choses que personne d’autre ne dirait. Sa tendance à continuer à s’éloigner rhétoriquement du Parti démocrate contribue également à sceller cet accord.
Bernie Sanders est très vieux
Certainement, s’il concourt en 2020, il sera la personne la plus âgée à obtenir la nomination de l’un des deux grands partis. En même temps, il est loin d’être clair qu’il y ait vraiment un âge limite en politique présidentielle. Donald Trump et John McCain, qui avaient respectivement 70 et 72 ans, lorsqu’ils ont obtenu leur nomination en tant que candidat à la présidentielle, n’ont pas semblé souffrir de leur âge avancé d’une façon qui aurait indiqué qu’ils auraient dépassé une limite infranchissable.
Les politiciens âgés pâtissent parfois, comme Hillary Clinton en 2016, de donner le sentiment que leur politique est maintenant dépassée. Mais le Parti démocrate dans son ensemble a basculé considérablement son empreinte idéologique dans la direction de Sanders ces 25 dernières années, donc dans son cas, l’âge le fait passer comme quelqu’un de visionnaire. Et pour le moment, du moins, Sanders donne certainement l’impression d’être solide, alerte. Il est actif sur la scène politique nationale, mettant en avant ses candidats de Our Revolution, s’impliquant dans les manifestations, et faisant le tour des plateaux de télévision le dimanche.
Personne à l’intérieur ou à l’extérieur de son camp ne le nie, il est plus âgé que l’idéal recherché. Mais de là à dire qu’il est trop vieux pour se présenter à la candidature, cela n’est simplement pas corroboré par les faits. Et tandis que les partisans zélés de Clinton invoquent l’âge avancé de Sanders comme prétexte à un refus de le soutenir la prochaine fois, on n’entend presque jamais cela de la part de ceux qui l’ont soutenu la dernière fois — ce qui indique, de nouveau, que peu importe les problèmes que Sanders aurait à affronter en 2020, la prochaine campagne serait plus forte que l’originale.
Si ce n’est pas lui, alors qui ?
Les sympathisants de Sanders, qui ne sont pas nécessairement des partisans acharnés, ont généralement le sentiment que l’arrangement le plus raisonnable serait que Sanders se retire en faveur d’Elizabeth Warren. Les positions de ce tandem sont considérées à Washington comme essentiellement interchangeables, et beaucoup autour de Sanders affirment qu’il l’aurait soutenue, si elle avait choisi de concourir dès 2016. Et l’option Warren est la plus attrayante à bien des égards. Warren est plus jeune (même si pas vraiment jeune, en soi), elle comblerait le désir profond des femmes libérales qui travaillent en politique de voir une femme à la Maison-Blanche, la rigueur de sa réflexion est fort appréciée par les têtes pensantes politiques, et c’est le plus important, elle représenterait un point de vue idéologique populiste, sans choisir parmi les crapules de la primaire de 2016.

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