La Nouvelle République 02/10/2017
La Poste s’inquiète du nombre de facteurs attaqués par les chiens lors des tournées. Elle forme ses salariés et appelle ses clients à tenir leurs animaux.
A la poste de L’Isle-Jourdain, une trentaine de facteurs apprennent à éviter les morsures. Ci-dessus, comment aborder un chien inconnu, avec les huskies du formateur.
Plus de 140 facteurs de Poitou-Charentes ont signalé depuis un an des incidents impliquant des chiens lors de leurs tournées et La Poste prend très au sérieux cette cause d’accidents du travail, la troisième derrière les collisions routières et les chutes. « Tous ne se traduisent pas par des arrêts de travail mais nous avons eu des cas de morsures très graves, en particulier pour une collègue de Charente qui a été hospitalisée une semaine et reste traumatisée », explique Sandrine Suaudeau, chargée de communication à La Poste.
Une lettre non distribuée plutôt qu’un facteur mordu
La semaine dernière, une trentaine de facteurs travaillant dans les secteurs de Civray, Smarves et Montmorillon se sont retrouvés à L’Isle-Jourdain avec un éducateur canin. Stéphane Da Conceicao a suivi des facteurs en tournée pendant deux semaines pour appréhender les risques et les conseiller : « En secteur rural, on se retrouve souvent face à des chiens de ferme qui ne sont pas obéissants, un peu fous à la chaîne ou en liberté, explique-t-il. Ils peuvent considérer le facteur comme un intrus sur leur territoire. Tous les chiens évidemment ne posent pas de problèmes et chaque facteur a ses habitudes. Certains ont même des croquettes dans leur voiture, ce n’est d’ailleurs pas une très bonne idée, parce que le remplaçant n’y pense pas forcément. En ville, on a aussi des chiens errants, en revanche on connaît rarement leurs propriétaires, contrairement à ce qui se passe dans les villages. » Les facteurs à pied ou à vélo n’ont de plus pas la protection de leurs collègues en voiture.
Détecter leur agressivité potentielle
Tous les facteurs présents à la formation ont témoigné d’incidents avec des chiens : « Je n’ai jamais été mordu mais je me suis retrouvé dans une situation délicate face à un berger allemand, explique un rouleur de Civray, un facteur qui assure les remplacements. Les titulaires nous laissent dans les cases des fiches d’avertissement sur les adresses où il y a des chiens. De toutes façons, quand il y a un panneau du genre « je monte la garde » sur le portail je n’entre pas. »
Stéphane Da Conceicao donne aux facteurs des clés pour lire l’attitude des chiens et détecter leur agressivité potentielle. Il a aussi proposé aux facteurs une prise de contact avec quatre huskies, sympathiques mais pleins d’énergie, et un dalmatien : « Il faut laisser le chien venir au contact et ne pas le surprendre en entrant dans son périmètre. »
Mais la consigne de base est d’éviter autant que possible le contact. Quitte à ne pas distribuer le courrier : « Je préfère une lettre non distribuée et un agent en forme qu’un arrêt de travail pour morsure, résume Marie-Laure Raffin, responsable du site de l’Isle-Jourdain. Ça arrive régulièrement : on rappelle les clients, on signale qu’il y a un problème avec leurs chiens. Ils ne voient pas le danger potentiel : ils nous disent toujours que le chien n’est pas dangereux. »
Sébastien Kerouanton
Déjà – Un facteur mordu chaque semaine en Auvergne : La Poste met en garde les propriétaires de chiens
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Frédéric Baylot
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