Environnement – Larguer son frigo, le nouveau geste écolo

Le Temps 06/10/2017 Julie Rambal

Le frigo, nouveau bouc émissaire de la croissance folle? Certains l’accusent aujourd’hui d’avoir précipité un mode de consommation qui bousille la planète. Et le larguent comme un vieil ex toxique. Etait-ce vraiment mieux avant?
Son mari raffole des bières fraîches. Pourtant, Marie Cochard, journaliste et mère de deux enfants de 4 et 7 ans, a réussi à le convaincre d’éradiquer le réfrigérateur de leur existence. Elle publie aujourd’hui un livre tiré de cette expérience: Notre aventure sans frigo ou presque (Ed. Eyrolles), dans lequel elle dispense recettes et conseils pour ceux qui, comme elle, sont convaincus que l’arrivée du frigo dans les foyers a accéléré le règne des hypermarchés, de la malbouffe et du faramineux gaspillage alimentaire (rien qu’en Suisse, 2,3 millions de tonnes de nourriture sont jetées à la poubelle chaque année).
«Le frigo nous rend passifs. Les produits qui hibernent en son sein s’avalent plus qu’ils ne se mâchent. Nos goûts s’appauvrissent, se polissent, se standardisent, au point que nous en oublions l’essentiel: le plaisir de faire et de manger», dénonce-t-elle en préambule dans l’ouvrage, consciente de s’attaquer au «ventre de la maison», un «totem» sur lequel on va jusqu’à aimanter les plus jolies photos des enfants.
Couper le cordon
L’objet est même devenu symbole de réussite sociale avec la mode des cuisines ouvertes, qui permet d’exhiber son pantagruélique frigo double porte et distributeur de glace pilée ou, mieux, son Smeg dessiné par Dolce & Gabbana à 43 000 francs… Marie Cochard écrit qu’elle sait s’attaquer à un objet transitionnel important de la modernité, mais prétend qu’il est temps de «couper le cordon» pour le bien-être de l’environnement.
«Aujourd’hui, le frigo est un placard dans lequel on entrepose des produits industriels que l’on jette au fur et à mesure parce qu’on a oublié qu’ils étaient là, nous confie cette adepte de la sobriété heureuse. Cela fait sept ans que je privilégie les circuits courts, le marché, la cueillette et les produits frais, or la plupart de ces produits n’ont pas besoin de conservation au froid. Sans frigidaire, j’ai vraiment gagné en saveurs et en qualité de vie.»
En 2009, la designeuse coréenne Jihyun Ryou dénonçait déjà l’impact du frigo sur le gaspillage alimentaire, au travers de son projet «Save Food from the Fridge» (voir son «talk» ci-dessous), et la création de meubles d’entreposage minimalistes inspirés des modes de conservation d’antan. Parmi ses créations, des étagères pourvues d’un fond en sable permettant de garder ses carottes longtemps, ou dotées d’un double étage percé pour pouvoir y placer pommes et pommes de terre à proximité, le gaz émis par les premières empêchant les secondes de germer.
Les trucs des «no-frigo»
Sur les forums et les réseaux sociaux, les anti-frigo forment une petite communauté de plus en plus importante, échangeant conseils et encouragements pour s’alimenter sans passer par la case frais, même par 35 °C dehors… Marie Cochard affirme qu’elle est résolue à se passer définitivement de ce qu’elle nomme avec mépris «l’armoire à glace», même si ce choix lui impose une alimentation tatillonne, par mesure d’hygiène: «La viande ou la mozzarella di bufala doivent être mangées le jour de l’achat, et l’on ne va pas garder un pot de rillettes ouvert, ou des restes à réchauffer. On mange surtout des fruits et des légumes, et on a remplacé les produits laitiers par des laits végétaux. Comme on ne peut garder aucun reste, je cuisine des petites quantités», explique-t-elle.
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A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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