« Avec les compliments du guide » : Khadafi – Sarkozy, l’histoire secrète

Sortie le 18/10/2017 / Editions Fayard / Format Kindle 15 € /Broché 20 €
Il ne s’agit pas d’une « affaire » comme les autres. Parce qu’au-delà de l’argent, il y a, cette fois-ci, une guerre. Fruit de six années d’enquête, Avec les compliments du Guide retrace pour la première fois, grâce à des témoignages et des documents inédits, l’histoire secrète de compromissions à visages multiples avec la Libye de Kadhafi, une dictature.
De la corruption aux mensonges sur l’intervention militaire de 2011, des morts suspectes qui tétanisent les témoins aux dessous d’une enquête parsemée d’embûches pour les juges et les policiers, Fabrice Arfi et Karl Laske révèlent les coulisses d’un naufrage français sans précédent.   Quand la France fait voler en éclats toutes ses valeurs sur l’autel de l’argent sale et de la raison d’État…
Kadhafi-Sarkozy : «Avec les compliments du Guide», une enquête solide (Libération 20/10/2017 – Renault Lecadre)
Le 10 décembre 2007 à l’Elysée. Sébastien Calvet pour Libération
Dans leur dernier ouvrage, les journalistes Fabrice Arfi et Karl Laske rendent très plausible la thèse du financement libyen de la campagne de l’UMP en 2007.
L’affaire peut paraître incroyable et le pire n’est jamais sûr. En résumé, le colonel Kadhafi aurait financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Avec une abnégation qui inspire le respect, Fabrice Arfi et Karl Laske, deux journalistes de Mediapart, documentent depuis six ans ce polar politico-financier. Dans leur récent livre, Avec les compliments du Guide (Fayard), ils reconstituent méthodiquement tous les éléments du puzzle. Bien sûr, il manque encore quelques pièces. Combien ? Entre 5 et 50 millions d’euros (excusez l’écart de 1 à 10), selon les divers protagonistes. Et pas la moindre traçabilité financière permettant de confirmer une bonne fois pour toutes cette corruption sans précédent – sauf ce témoignage de l’intermédiaire Ziad Takieddine, qui affirme avoir transporté des valises de billets de Tripoli au ministère français de l’Intérieur, peu avant la présidentielle.
Et pourtant… S’il y avait matière à être sceptique au départ, faute de preuve tangible, l’accumulation finit par faire sens. Une fois achevée la lecture de cette somme de 400 pages, le doute n’est presque plus permis : tout paraît logique, donc véridique. Les auteurs l’écrivent d’emblée : le Guide libyen avait bien «l’intention» d’arroser le futur président français. Il est coutumier du fait, pour avoir gratifié d’enveloppes tous les dignitaires de la planète de passage à Tripoli.
Scrupuleuse chronique
La démonstration est-elle crédible ? On serait tenté de le penser, en songeant au plus ou moins funeste destin de ces oligarques : ceux qui pouvaient parler ont été tués ou torturés dans une prison libyenne – aux mains d’un nouveau régime qui doit tout aux bombardements français, leur ayant permis de conquérir le pouvoir. Bref, réduits au silence. D’autres sont réfugiés au Qatar ou en Afrique du Sud, la justice française ne faisant pas le moindre effort pour récupérer leur témoignage. Reste le principal d’entre eux, Muammar al-Kadhafi, celui qui aurait eu le plus à dire, officiellement lynché par la foule en août 2011. Les auteurs vont jusqu’à explorer l’hypothèse qu’il aurait pu être tué d’une balle en plein thorax par l’un des nombreux agents de la DGSE présents sur place. Bref, le Guide ne parlera plus. Paranoïa ? Complotisme ? Cette scrupuleuse chronique des incestueuses relations franco-libyenne a au contraire le mérite de la cohérence.
L’affaire Sarkozy-Kadhafi est une affaire politico-financière internationale déclenchée par la publication, par le journal en ligne Mediapart, le 12 mars et le 28 avril 2012, de deux documents laissant supposer l’existence d’un versement de 50 millions d’euros à des fins de financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 de la part du régime libyen. Le montant « officiel » de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 était de 20 millions d’euros. Un accord « sur le montant et les modes de versement » aurait été préparé en 2005 et validé en 2006 par Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités locales, en présence de l’homme d’affaires Ziad Takieddine, qui avait introduit en Libye dès 2005 les proches du ministre de l’Intérieur, notamment Claude Guéant et Nicolas Sarkozy lui-même. Bachir Saleh, alors à la tête du Libyan African Portfolio (LAP), fonds d’investissement financier du régime libyen, aurait été chargé de superviser les paiements. Ziad Takieddine aurait par ailleurs secrètement conseillé Claude Guéant jusqu’à la veille de la guerre en Libye.
La divulgation de ces documents a mis en lumière le cas de Bashir Saleh, ex-trésorier de Kadhafi, recherché par Interpol, vivant protégé sur le territoire français depuis la chute du régime, et prenant la fuite en mai 2012. Le 12 novembre 2015, un expert authentifie le document qui fait mention d’un don de 50 millions d’euros de Khadafi pour la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.
Le 30 mai 2016, les magistrats rendent une ordonnance de non-lieu au bénéfice de Mediapart.
Voir : Sarkozy-Kadhafi: Le dossier complet de Médiapart

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