Moins de pesticides, plus de blé, ça marche !

Le Canard Enchaîné – 25/10/2017 – Conflit de Canard –

Ce n’est pas la fête dans les campagnes. Non seulement les paysans sont en voie de disparition mais ils n’ont jamais gagné aussi peu d’oseille. Plus de la moitié d’entre eux se contentent de 354 euros par mois. Il existe pourtant une solution pour mettre du beurre dans les épinards : diminuer la quantité de pesticides et d’engrais azotés.

Depuis 2007, le Centre d’études biologiques de Chizé, dans les département des Deux-Sèvres, a enrôlé 450 agriculteurs pour mener une expérience de plein champ unique en son genre. Après cinq ans d’expérimentation sur 45 000 hectares de céréales, la première récolte de résultats a montré qu’en diminuant de 30 à 50 % les quantités d’herbicides et d’engrais on déplorait certes une baisse de rendements de 3 à 5 % Mais que celle-ci était largement compensée par l’allègement de la facture des emplettes en produits chimiques. En divisant par deux la quantité ‘herbicides et d’engrais azotés répandus, le céréalier voit son revenu augmenter jusqu’à 200 euros par hectare de blé planté ! Le gain optimal pour le porte-monnaie se situe à 120 kilos d’azote l’hectare, alors qu’en moyenne, les agriculteurs français en déversent allègrement 180 kilos.

Tout aussi étonnant, les chercheurs se sont rendus compte qu’en y allant mollo sur les herbicides, on impacte pas le rendement. En fait, semer du blé revient à faire place nette. Ne supportant pas que d’autres plantes lui marchent sur les racines, il élimine tout seul 80 % des mauvaises herbes. Les pesticides n’éradiquent que les 20 % restants, dont la résistance ne perturbe aucunement la pousse du blé.

Pourquoi ces réjouissantes trouvailles de nos chercheurs ne sont pas au menu des États généraux de l’alimentation ? Parce qu’elles ne font ni les affaires de l’industrie phytosanitaire ni celles des grandes coopératives agricoles qui font la pluie et le beau temps chez nous… Un monstre coopératif comme Terrena, 5 milliards de chiffre d’affaires à la pesée, se fait du blé en vendant lui-même les pesticides à ses 29 000 agriculteurs adhérents. La semaine dernière, l’Anses, (Agence nationale de sécurité sanitaire ??) a autorisé la mise sur le marché d’un nouvel insecticide tueur d’abeilles, le joliment nommé sulfoxaflor…

A long terme, l’usage immodéré du pulvérisateur pourrait s’avérer catastrophique pour le portefeuille paysan. Dès que vous diminuez le nombre d’insectes butineurs dans un champ, vous effondrez le rendement. Il est temps de pulvériser les idées reçues !

Ruches suivies par le Centre d’études biologiques de Chizé. Ecobee : un dispositif d’observation des abeilles en milieu ouvert. Ecobee est un outil original pour mener des expérimentations en plaine céréalière sur les interactions entre les caractéristiques des colonies, celles des paysages et les contraintes environnementales.

Ingénieur d’études au CNRS, responsable du programme « Mon village, espace de biodiversité en Deux-Sèvres », Sylvie Houte présentant un abri à insectes (1.000 déjà distribués).

L’APIEEE (Association de Protection, d’Information et d’Études de l’Eau et de son Environnement) et la municipalité de Chizé, ont décidé de restaurer les fonctionnalités tant physiques que biologiques du marais de Chizé et d’en faire une véritable école de la rivière et du marais dont une parcelle est accessible depuis le centre du bourg

Lire aussi : Agriculture : Produire autant sans herbicides, c’est possible ! – (La nouvelle République – 27/04/2017)