Par le biais de Twitter ou Facebook, la misère a de nouveau des visages et des histoires. Les destins de Robert, d’Alexandre ou de Josef, partagés en ligne, ont alors pu nourrir des élans de générosité
Le Temps 31/10/2017 Julie Rambal
«Si vous pouvez aider ce couple qui vit dans la rue. Il y a son numéro sur la pancarte…» En postant, le 28 octobre, la photo de Robert et Emilia, septuagénaires sans-abri enlacés sur leur banc parisien, avec un caniche et une valise à roulettes pour tout bien, cette abonnée Twitter a fait un miracle: plus de 22 000 retweets, des centaines de commentaires émus, et surtout, des dizaines d’offres d’hébergement.
«Ma maison à dispo, logés, blanchis, couverts, chambre seule avec S de B, toilettes, cuisine, dans villa», a ainsi écrit une internaute. «Je peux partager ma maison, je vis seule à la campagne: chambre, et le jardin est grand», a répliqué une autre.
Boîte de messagerie saturée
Robert et Emilia avaient collé sur leur valise une pancarte proposant de réaliser des «petits travaux» moyennant finance, avec leur numéro de téléphone. Le 29 octobre, Robert, ancien serrurier, avait sa boîte de messagerie saturée, un mobile sonnant constamment et un trousseau de clés dans la poche… «On nous a proposé un studio gratuit pour tout l’hiver. Mon ancien patron m’a aussi reconnu et veut me refaire travailler, ça tombe bien, je suis en forme. Quelqu’un d’autre veut aussi nous offrir tout l’équipement électroménager», lâche-t-il, ému.
Depuis plusieurs mois, Robert et Emilia dormaient dans une cabane de fortune bricolée sur les bords de la Seine, en région parisienne. Après toute une vie à travailler – «mais pas toujours déclaré, j’ai déconné», concède Robert –, ils ne comptabilisaient pas les trimestres nécessaires pour toucher la retraite, et survivaient sur le trottoir. Twitter a changé leur destin en une journée. Une cagnotte Leetchi «pour Robert et Emilia» affichait aussi 800 francs de dons en quarante-huit heures.
« Dans la rue, on vous évite du regard, on ne vous répond pas, mais sur les réseaux sociaux il y a une incroyable générosité » Alexandre, ex-manutentionnaire de 40 ans