Les petits cadeaux d’un cigarettier à des parlementaires

Un doigt dans l’actualité – octobre-novembre 2017 – Alexandre Derlukiewicz –

Nos amis les politiques (pas tous, heureusement…)  ne sont pas farouches lorsqu’il s’agit d’accepter quelques cadeaux, même quand ça sent le conflit d’intérêt à plein nez ! Depuis le début 2016, les cigarettiers ont tenus de publier leurs « dépenses liées aux activités d’influence », selon la loi de l’ancienne ministre de la Santé, Marisol Touraine.

« Sur le site Internet du ministère de la Santé, on y apprend notamment que Philip Morris emploie dix personnes pour faire du lobbying », raconte BFMTV. « Et dépense près de 400 000 euros auprès de six sociétés de conseil en France, à Bruxelles et au Luxembourg.

« Mais on y découvre surtout que Japan Tobacco International (Camel, Winston…) a multiplié les cadeaux et invitations auprès de 53 parlementaires pour un total de 6 629 euros. D’une bouteille de champagne à 48 euros – du Ruinart, d’après un bon connaisseur – offerte pour la nouvelle année 2016, à des places en loge à Roland-Garros ou à des avant-premières de film pour 165 euros. Parmi les heureux élus, les députés Bernard Accoyer, Benoist Apparu, François Baroin, Eric Ciotti, Laurent Wauquiez et Eric Woerth, ainsi que des sénateurs comme François Patriat ». 

« Sur le podium des parlementaires pour qui Japan Tobacco a le plus dépensé, on retrouve Jean-François Mancel (529 euros) et Marie Christine Dalloz (379 euros), deux députés qui ont soutenu nombre d’amendements pro-tabac ces dernières années, notamment pour faire évoluer la fiscalité privilégiant Philip Morris ». Tiens, tiens, comme c’est étrange ! « La loi impose aux parlementaires de déclarer ces avantages en nature au déontologue de l’Assemblée nationale lorsque leur valeur dépasse 150 euros. Ces deux députés, ainsi que Yannick Favennec, Denis Jacquat , Annick Le Loch, Christine Pirès Beaune, Didier Quantin et Dominique Tian ont donc sans doute dû les déclarer à la déontologue Agnès Roblot-Troizier. Contactée, cette dernière n’a pas voulu nous répondre ».

« En même temps, comme dirait notre Prez, cela ne nous surprend pas malheureusement des masses !

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Lobbyistes, financier, responsable marketing… ils nous dévoilent les pratiques occultes de ces multinationales pour contourner les réglementations antitabac. Bienvenue dans un univers où tous les coups sont permis. Où les 78 000 morts annuels de la nicotine et du goudron – 200 par jour – pèsent peu face aux bénéfices des industriels. Sans parler des 15 milliards d’euros de taxes qui tombent chaque année dans les caisses de l’État. Trafic d’influence, infiltration dans les plus hautes sphères de l’État, entente sur les prix, évasion fiscale, pots-de-vin, circuits parallèles de vente, ciblage des jeunes… ces repentis du tabac révèlent des méthodes aux marges de la légalité, quand elles ne sont pas hors-la-loi. Un récit édifiant sur les secrets de l’un des plus puissants lobbies de France.