Les médiateurs missionnés par le chef de l’Etat sur la question de l’aéroport rendront leur avis le 13 décembre. Emmanuel Macron à l’heure du choix

AFP / Jean-Sebastien EVRARD
L’heure de la décision a sonné : en Loire-Atlantique, les avions décolleront-ils bientôt d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes (NDDL) ou de l’actuelle plate-forme Nantes-Atlantique réaménagée ? Le président de la République va devoir répondre à cette délicate question avant la fin de l’année. Une obligation pour Emmanuel Macron qui, au lendemain de son élection, a dit vouloir se donner six mois avant de décider et a mis en place une ultime mission de médiation pour éclairer son choix.
L’urgence vient aussi de la déclaration d’utilité publique (DUP) de ce projet d’aéroport, valable dix ans, qui sera caduque le 8 février 2018. Même si la demande de prorogation de cette DUP est prête à être envoyée au Conseil d’Etat, afin de maintenir ouvertes toutes les options, il faut donc trancher. D’autant que la pression n’a jamais été aussi vive sur le terrain, cette fois de la part des partisans du transfert de l’aéroport vers le bocage, à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes. Ces derniers redoutent que le projet soit abandonné.
La mission de médiation va bientôt rendre au premier ministre son rapport qui étudie différents scénarios possibles. A l’origine, ce document devait être remis le 1er décembre, mais c’est la date du 13 qui a été retenue – officiellement pour des raisons d’agenda, le premier ministre Edouard Philippe ne rentrant que le 6 décembre de son déplacement en Nouvelle-Calédonie. Ce choix permet aussi de laisser passer judicieusement le sommet mondial pour le climat voulu par Emmanuel Macron, qui se tiendra la veille à Paris.
« On a demandé au peuple »
Selon le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivault, le choix devrait alors intervenir rapidement, probablement avant les fêtes de fin d’année. « Il faut nous laisser le temps d’instruire le rapport et de mener les éventuelles consultations pour prendre la décision », a-t-il indiqué. Avant de clore ce dossier ouvert depuis une cinquantaine d’années,…
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Avant de clore ce dossier ouvert depuis une cinquantaine d’années, le gouvernement devra certainement se tourner vers les élus locaux, très engagés en faveur du projet d’aéroport et impatients de voir évacuée la zone d’aménagement différé (ZAD), devenue « zone à défendre », occupée par plusieurs centaines d’opposants.
Les trois médiateurs, Michel Badré, Anne Bocquet et Gérard Feldzer, ont donc expertisé les deux principales solutions : la construction du nouvel aéroport ou bien le réaménagement de l’actuel à Bouguenais, au sud-ouest de l’agglomération. Selon une source proche du dossier, plusieurs variantes sont étudiées : faut-il une ou deux pistes à Notre-Dame-des-Landes par exemple ? Réorienter la piste à Nantes-Atlantique pour limiter l’impact du bruit ? Répartir le trafic aérien entre les autres aéroports régionaux : Rennes, Saint-Nazaire… ? Le rapport rappellerait aussi la problématique de l’interconnexion avec les lignes à grande vitesse censées relier le nouvel aéroport aux villes de l’Ouest – Rennes, Brest, Quimper. Mais la plupart de ces liaisons ne sont pas programmées dans les prochains projets d’infrastructures.
Au-delà de ces scénarios, le choix sera politique. Emmanuel Macron prendra-t-il le risque de mettre en porte-à-faux son ministre Nicolas Hulot, opposé au projet de NDDL et déjà malmené par le dossier du nucléaire, entre autres ? Serait-il prêt à voir le plus populaire de ses ministres, et sa plus belle prise de guerre au lendemain de son élection, éventuellement quitter le gouvernement ?
Le chef de l’Etat a affirmé vouloir respecter le scrutin de juin 2016 qui avait donné la victoire aux partisans du transfert, avec 55 % de oui. Selon un sondage national IFOP pour le compte du Syndicat mixte aéroportuaire (SMA) qui regroupe les collectivités locales investies dans le projet d’aéroport (réalisé auprès de 1 009 personnes du 20 au 22 novembre), 74 % des Français se disent favorables au respect du résultat de cette consultation départementale.
Ce sondage tombe à pic pour ceux qui attendent impatiemment la nouvelle infrastructure. « Le sujet n’est pas seulement l’aéroport, c’est le respect de la démocratie. On a demandé au peuple de s’exprimer et on s’assoit sur cette décision », dénonce ainsi Johanna Rolland, la maire (PS) de Nantes, confiant « attendre du courage du président de la République ».
Pour Bruno Retailleau (LR), ancien président de la région Pays de la Loire et président du groupe au Sénat, le problème, c’est la « zone à défendre ». « Le pouvoir hésite à cause de l’évacuation de la ZAD. Si elle n’existait pas, les travaux auraient déjà commencé », peste-t-il. M. Retailleau n’attend rien du rapport des médiateurs, qu’il juge pour deux d’entre eux partiaux et opposés à l’option du nouvel aéroport. « Pourquoi remettre à plat le dossier peut-être le plus expertisé de France ? C’est une décision politique qui marquera le mandat d’Emmanuel Macron », estime-t-il.
« 178 décisions favorables »
Philippe Grosvalet (PS), président du conseil départemental de Loire-Atlantique, ne dit pas autre chose : « Le président va dire s’il entend faire respecter la justice, avec 178 décisions favorables, et la démocratie, avec le vote de 2016. Et s’il compte faire respecter l’Etat de droit sur l’ensemble du territoire. »
Sur le terrain, les deux camps fourbissent leurs armes. Le 25 novembre, plusieurs centaines de partisans de NDDL ont simulé un crash d’avion dans Nantes pour illustrer les risques que comporte l’actuel aéroport, et le « crash attendu de l’équipe des médiateurs ». Ils devraient manifester à Paris le 13 décembre.
Le 26 novembre, les opposants appelaient pour leur part à venir randonner dans la ZAD. Trois boucles d’une dizaine de kilomètres y sont balisées, pour démontrer que l’on peut s’y promener sans risque, « afin de découvrir la diversité écologique et humaine de ce territoire qui lutte pour sa survie, mais aussi parcourir les chemins qui permettront de venir la défendre ». Comme un avertissement.
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