La loi française de 2018 sera rapidement remise en cause par la réglementation européenne.
LE MONDE | 01.12.2017 | Par Jean-Michel Normand
La réglementation française sur les drones de loisirs entrera en application en 2018, en principe au 1er juillet. A cette date, auront été publiés les décrets qui préciseront certaines dispositions techniques destinées à encadrer la pratique individuelle et les usages professionnels. Tout serait clair si, en parallèle, l’Union européenne n’était pas sur le point d’adopter elle aussi des normes qui s’appliqueront aux Etats membres.
Une déclaration obligatoire
Fruit d’une loi votée en 2016, la réglementation française prévoit que les drones de loisirs dont le poids est supérieur à 800 g devront faire l’objet d’une déclaration obligatoire qui s’effectuera « en quelques clics » et sera gérée par la DGAC (Direction générale de l’aviation civile). Cet enregistrement permettra aussi de prendre connaissance d’un tutoriel relatif aux bonnes pratiques. Les engins soumis à immatriculation devront avoir reçu un dispositif de signalement électronique (une mini-balise) ainsi qu’un dispositif de géolocalisation (« geofencing », pour les intimes) leur interdisant automatiquement l’accès à certaines zones sensibles, ce que plusieurs fabricants ont déjà intégré dans leurs appareils.
Il faudra aussi installer un dispositif lumineux ainsi qu’une alerte sonore qui se déclencherait en cas de chute. Est constitué un délit de survol d’une zone interdite « par maladresse ou négligence », passible de six mois d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. Pour les drones à usage professionnel, il est prévu de simplifier la réglementation et, pour les plus gros, d’instaurer un brevet spécifique aux drones alors qu’aujourd’hui, il faut passer un permis de pilote… d’ULM.
L’Europe se réveille
Or, depuis quelques mois, le serpent de mer d’une réglementation européenne a fini par se dessiner. Désormais placées sous l’égide de l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA), les règles d’utilisation des drones de loisirs comme professionnels seront a priori finalisées en 2018, à peu près au moment où la réglementation française devrait être opérationnelle. Leur mise en place effective est attendue pour 2020.
Selon Les Echos, « le projet prévoit d’imposer l’identification des drones et de leurs utilisateurs pour les drones de plus de 250 g ». Alors que la limite de 800 g retenue par la France ne concernerait de facto que quelque 10 % des drones vendus dans le commerce, le seuil européen ratisse beaucoup plus large. Ainsi, le Parrot BeBop 2 (500 g) ou le DJI Spark (300 g) seraient soumis à l’obligation de déclaration qui, grosso modo, concernerait tous les engins capables de voler (et de filmer) de manière réellement efficace. On note d’ailleurs que le seuil de 250 g a déjà été retenu par nombre de pays, dont les Etats-Unis.

REUTERS/Russell Cheyne