L’hommage de Macron à Jean d’Ormesson, « une clarté qui nous manquera »

Au cœur de l’hiver et dans un froid glacial, le président a rappelé combien cet écrivain charmeur et lumineux fut un « antidote à la grisaille des jours ».
Le Monde | 08.12.2017 | Par Macha Séry
Au matin du vendredi 8 décembre, la pluie a soudain cessé, les nuages se sont dissipés et le ciel a viré au bleu radieux comme s’il ne pouvait en être autrement le jour des funérailles nationales de l’écrivain Jean d’Ormesson, mort en début de semaine, à l’âge de 92 ans.

Dans la cour d’honneur des Invalides, à midi — là même où le romancier de La Gloire de l’Empire avait assisté aux obsèques de Romain Gary, en 1980, et avait salué avec émotion, en 2003, la mémoire de son cher ami Maurice Rheims (« Toutes les fées s’étaient donné rendez-vous autour de son berceau pour le combler de leurs bienfaits ») —, le président de la République, Emmanuel Macron, a rendu un hommage inspiré au plus populaire des académiciens.
Au cœur de l’hiver et dans un froid glacial, il a rappelé combien cet écrivain charmeur et lumineux fut un « antidote à la grisaille des jours » et « ce long été auquel, pendant des décennies nous nous sommes chauffés avec gourmandise et gratitude ».

 December 8, 2017. REUTERS/Francois Mori/Pool

« Une clarté qui nous manquera et nous manque déjà »
Près de cent cinquante personnes étaient conviées à cette cérémonie d’hommage, qui a été inaugurée par une Marseillaise jouée par l’orchestre de la garde républicaine et s’est achevée par un concerto de Mozart interprété par le pianiste Karol Beffa.
Aux côtés de la famille se tenaient une trentaine de députés, quarante-cinq académiciens de l’Institut de France, dont la secrétaire perpétuelle du Quai Conti, Hélène Carrère d’Encausse, plusieurs membres du gouvernement, deux anciens présidents de la République (Nicolas Sarkozy et François Hollande), un ex-premier ministre (François Fillon), ainsi que le chancelier de l’Institut de France, Gabriel de Broglie. Derrière eux, une centaine de personnes venues faire leurs adieux à l’écrivain, la cérémonie étant ouverte au public comme le fut, au mois de juillet, celle donnée en l’honneur de Simone Veil.

« Jean d’Ormesson était de ceux qui nous rappelaient que la légèreté n’est pas le contraire de la profondeur mais de la lourdeur », un « égoïste passionné par les autres » et « une clarté qui nous manquera et nous manque déjà », a déclaré à la tribune Emmanuel Macron. Car si l’homme eut des ombres et des fêlures, qu’il dissimula par pudeur et élégance — disant écrire « parce que quelque chose ne va pas » —, « plus qu’aucun autre, il aima la clarté », a renchéri le président. Celle des eaux de la Méditerranée où il se baignait, du ciel d’Italie qu’il adorait, des pentes enneigées où il aimait skier et de l’éclat de son style.
Sa fille a découvert samedi ses dernières pages

Le 41e et dernier livre de l’écrivain doit paraître en février chez Gallimard. Son titre sonne comme un défi : Et moi, je vis toujours. La fille de Jean d’Ormesson, l’éditrice Héloïse d’Ormesson, a présenté jeudi soir sur France 5 les dernières phrases écrites par l’écrivain, trouvées samedi sur son bureau :
« Une beauté pour toujours. Tout passe. Tout finit. Tout disparaît. Et moi qui m’imaginais devoir vivre pour toujours, qu’est-ce que je deviens ? Il n’est pas impossible Mais que je sois passé sur et dans ce monde où vous avez vécu est une vérité et une beauté pour toujours et la mort elle-même ne peut rien contre moi. »

Homme brillant, espiègle, volontiers séducteur derrière son regard bleu malicieux, l’ancien directeur général du Figaro restera comme l’un des plus grands écrivains populaires français. Tous ses livres figuraient sur les listes des meilleures ventes. Privilège rare, Gallimard l’avait fait entrer de son vivant dans sa prestigieuse collection « La Bibliothèque de la Pléiade ».
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L’homme, qui avouait avoir écrit son premier roman « pour plaire à une fille » et estimait n’avoir « absolument pas la vocation à être romancier », fut élu sous la Coupole en 1973, à 48 ans, devenant alors le benjamin de l’Académie française. Avec le temps, il en était devenu le doyen.

 

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Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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