Chasse, Pêche et Nature : 6 arguments en faveur de la tradition…

Satire Hebdo – 25 novembre 2017 –

Amour inconditionnel du sang chaud, occasion rêvée de buter la chatte de la voisine « par inadvertance », chouette excuse pour se siffler un canon de rouge dès potron-minet, les arguments ne manquent pas pour perpétuer cet art sacré, à mi-chemin entre vrai savoir-faire et transmission de valeurs. 

A l’heure où sonne l’ère du respect de l’animal, de la reconnaissance de sa souffrance et de la valeur de sa vie, il est grand temps de sauvegarder envers et contre tout la bonne vieille tradition commence à nous courir sévère. Donc voici six bonnes raisons de les contrer.

1 – Parce que la chasse, ça fait des millénaires que ça existe

Et il n’y a rien de plus valable comme raison que « ça fait longtemps que ça se pratique », argument particulièrement fin et intelligent. On n’a plus le droit d’ébouillanter vivantes les femmes rousses, pas plus que de servir à table du pinard aux enfants, se baigner dans du sang de jeune vierge à la pleine lune, se coller des foies de galinette cendrée dans l’oreille en cas d’otite, ni faire exorciser sa belle-mère. Tout se perd dans le royaume des traditions millénaires. Gardons au moins la chasse, dernier rempart contre la modernité décadente. 

2 – Parce qu’on peut dégommer tranquille n’importe quoi ou n’importe qui

Et il y aura toujours des experts » pour vous trouver des excuses. « La jeune joggeuse qui pissait derrière un buisson ressemblait à s’y méprendre à un marcassin« , « ce chevreuil était à deux doigts de bouffer la factrice », « ce sanglier ne paie pas ses impôts, il n’a rien à faire dans mon jardin ». Autant dire, avec la chasse s’offre à vous tout un éventail de possibilités d’assouvir votre soif vengeresse, et personne n’y trouvera rien à redire. une vraie aubaine.

3 – Parce que sans nous pour assurer la régulation, il y aurait trop d’animaux

And so what ? Même au Tibet ou en Inde où la majorité des gens sont végétariens, on n’a jamais entendu parler de forêts envahie par trop de bœufs ou de moutons. Mais la régulation est un argument choc à balancer à vos amis végans : si tous les animaux viennent bouffer leurs carottes, il ne leur restera rien à manger au souper. Quant à savoir comment les sangliers vont parvenir jusqu’au Maroc pour détruire l’usine hors sol à tomates, c’est une autre histoire… Mais agissons avec toute la générosité qui est la nôtre, et régulons donc la population. Sachant que certains se plaignent qu’il y a trop d’enfants dans les familles des gens du Nord, j’attends avec impatience les propositions.

4 – Pare que c’est un sport, un loisir, un plaisir à nul autre pareil

Et là, tout le monde sera d’accord. Un sport avec des règles équitables pour le lièvre autant que pour le chasseur. D’ailleurs, un jeune lièvre encore bébé a récemment témoigné sur BFMTV « Je n’ai jamais été aussi fier de mon papa. Quel sport très noble que la chasse. Il était bien sûr ravi qu’on vienne le trouver pour une petite partie, et n’a pas hésité à donner tout ce qu’il avait dans le ventre pour brûler ses calories en trop, et compter les points avec les chiens et les chasseurs. Ensuite, ils ont tous joué à la belote avec un Ricard en se tapant sur l’épaule, et dans le four, papa riait, riait ! il s’est tellement amusé qu’on ne l’a jamais revu. Sa légende lui survivra longtemps parmi nous, j’ai même entendu un faisan le jalouser.« 

5 – Parce qu’il s’agit avant tout d’un amour profond pour la Nature

Et pour son observation. Moi-même souvent, je songe à cette alternative pour mieux observer les êtres que j’aime, tout en leur montrant mon plus profond respect. Hier encore, je trouvais ma femme tellement belle quand elle jardinait, que j’ai eu très envie de lui tirer une balle, lui évider les entrailles et l’empailler à la sciure et conserver ainsi son corps à côté de la cheminée pour pouvoir la contempler à loisir. Ou la servir rôtie, accompagnée de pommes de terre grenaille à ses parents qui l’aiment autant que moi. Je ne comprend toujours pas ce qui m’en a empêché, sans doute ai-je moins de respect pour elle que je ne le pensait.

6 – Parce que c’est excellent pour le commerce ds petits vignerons

Et ça permet de sauvegarder de nombreux emplois. Sans chasseurs, point de gallons entiers de petits rouges locaux déversés joyeusement à 7 heures, 9 heures, midi, au goûter et au coucher. Et ça, c’est très important. Quarante ans plus tard, ce seront toujours les mêmes qui engraisseront grassement les chirurgiens cardiaques et autres spécialistes de la cirrhose, et là encore, on ne peut que les applaudir de faire fonctionner aussi bien le système.

A revoir, une séquence culte : Le bon et le mauvais chasseur…