Pouvoir – Macron ou comment en finir avec le Père Noël

L’Opinion 26/12/2017 Rémi Godeau
Si chaque fin décembre charrie son lot d’interrogations sur la magie du Père Noël, une certitude s’impose cette année : il n’habite pas à l’Elysée. A La Réunion, en Corse et en Guyane, devant les salariés de Whirpool et de GM&S, Emmanuel Macron l’a répété sur tous les tons : « Je ne suis pas le Père Noël ! » Pour enfantine qu’elle soit, la formule est ciselée afin de marquer une rupture. Avec l’« ancien monde », fait de démagogie, de clientélisme et de promesses non tenues. Avec une culture de la déresponsabilisation de citoyens toujours plus infantilisés. Avec le déni de réalité quand a contrario, au risque de l’impopularité, le chef de l’Etat dit assumer un langage de vérité. Avec, enfin, cette croyance bien française dans l’omnipotence présidentielle, à base de discours incantatoires et de dépenses dilatoires…
Emmanuel Macron ne peut donc pas tout et d’abord multiplier les cadeaux et répondre aux listes de doléances de chacun. Dans son incarnation du pouvoir, ce si jeune Président joue cependant le rôle du père de la nation, à la fois autoritaire et bienveillant avec « son » peuple, prêt à offrir sa personne au pays, décidé à réinvestir « ce siège vide au cœur de la vie politique », délaissé par des prédécesseurs trop habitués aux mystifications. Par sa pratique de la fonction, le chef de l’Etat entend ainsi répondre au doute des Français sur leur avenir, sur les institutions et les valeurs républicaines, sur le système méritocratique, sur le rayonnement culturel et l’influence européenne de la France… Il y a du rite de passage dans cette manière de gouverner. Lorsqu’il ne croit plus au Père Noël, l’enfant comprend qu’il ne peut plus prendre ses désirs pour des réalités.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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