« Il est possible de relancer les trains de nuit »

Journal mensuel « L’âge de faire » – janvier 2018 – propos recueillis par Lisa Giachino –
Le 9 décembre, les fidèles des trains de nuit Nice-Paris ont agité leurs mouchoirs blancs et entonné : « Ce n’est qu’un au revoir. » Alors que le démantèlement des lignes nocturnes se poursuit, le collectif « Oui au train de nuit » ne lâche pas l’affaire et a rejoint le mouvement européen Back on track (Retour sur les rails). Entretien avec Claire Brun, utilisatrice de la ligne Port Bou-Paris et cofondatrice du collectif « Oui au train de nuit« .

L’âge de faire : Comment est né le collectif Oui au train de nuit ?
Claire Brun : On a commencé il y a 18 mois. C’est une belle aventure citoyenne. On ne se connaissait pas mais on s’est réunis tout simplement parce qu’on voyage en trin de nuit. N’importe qui peut nous rejoindre et mettre ses compétences au service d’une cause d’intérêt public. On n’est pas des spécialistes, mais ensemble, on arrive à sensibiliser beaucoup ! Il y a un an, le train Port Bou-Paris s’arrêtait. On avait fait une fête en disant qu’il reviendrait. Et six mois plus tard, il était remis en route grâce à l’engagement de la région. Pas tous les jours : le week-end et les vacances scolaires. Mais c’est déjà une grande victoire symbolique.
Vous avez aussi rejoint un réseau européen…
C. B.  : Le réseau Back on track (Retour sur les rails) a traduit notre enquête-plaidoyer. des gens de Suède, Allemagne, Angleterre et Danemark sont venus à Perpignan en novembre pour organiser une campagne en faveur d’un réseau de trains de nuit européens. L’Allemagne, deux ans avant la France a décidé » d’arrêter les trains de nuit sous prétexte que ce n’était pas rentable.  Un groupe de citoyens s’est mobilisé et a convaincu les pouvoirs publics de leur utilité – maintenant, c’est une compagnie autrichienne qui les assure. Nous aimerions que la France évite les mêmes erreurs. La France, l’Espagne et l’Italie sont en train de s’isoler en abandonnant les trains de nuit. 
Vous mettez aussi en avant une compagnie autrichienne qui propose des trains de nuit et fait des bénéfices…
C. B.  : La compagnie ÖBB a racheté le matériel de l’Allemagne qui ne voulait plus de trains de nuit et a mis en place six niveaux de confort différents, du plus simple à l’hôtel roulant. Ça marche très bien, et l’activité est bénéficiaire ! Ça nous donne du grain à moudre. Quand on montre la plaquette de l’entreprise à nos députés, ça fait son petit effet.
Et maintenant, quelles sont les actions à mener ? 
C. B.  : Les citoyens peuvent continuer à interpeller leur député pour u’ils posent des questions écrites et orales au gouvernement. Nous, les membres du collectif, nous pouvons aider tous ceux qui le souhaitent à agir. Ils peuvent aller voir notre site Internet où nous contacter pour avoir l’adresse du député, un guide d’entretien, des questions que l’on peut décliner selon la situation locale… En général, ça marche plutôt bien, les députés se mobilisent quand ion les saisit. Nous cherchons à rendre visible le sujet car il va y avoir plusieurs échéances sur lesquelles nous pouvons peser. Jusqu’à fin décembre se tiennent les assises nationales de la mobilité et quand la ministre des Transports, madame Borne, est venue dans les Pyrénées-Orientales, nous lui avons remis une pétition. Une loi sur les transports se prépare en 2018. La commission Spinetta (1) est chargée de revoir le modèle de la SNCF… C’est l’ancien gouvernement qui avait annoncé la suppression des trains de nuit. Grâce à la loi sur les transports et à nos arguments, nous pensons qu’il est possible de changer d’orientation. Le principal problème est que le matériel est vieillissant. Mais il a été largement amorti, et nous pensons que c’est un choix à faire plutôt que d’investir dans les autoroutes, les aéroports et les TGV.

Vous prévoyez des actions aussi au niveau européen ?
C. B.  : Du 7 au 14 avril nous organisons le Printemps des trains de nuit qui sera un moment de sensibilisation du public.

(1) Jean-Cyril Spinetta, ex-PDG d’Air France est chargé de remettre en janvier 2018 un rapport sur la transformation du transport ferroviaire.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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