2018, année transgénique

Le Canard Enchaîné – 03/01/2018 – Conflit de Canard –
Aquabounty Technologies s’est donné deux ans pour inonder le marché mondial de saumon transgénique. La firme américaine de biotech, qui depuis cinq mois commercialise au Canada son salmonidé génétiquement modifié, voit l’avenir en rose saumon. Il faut dire que son invention affiche le meilleur taux de rentabilité au rayon poisson. Et pour cause : l’animal dûment breveté a été bidouillé afin de grossir quatre fois plus vite tout en avalant 20 % de nourriture en moins. Une vraie petite merveille !

Rappel : pour obtenir ce poisson supersonique, la firme a greffé sur un saumon d’Atlantique un gène producteur d’hormones de croissance prélevé sur le plus costaud de la famille des salmonidés et, pour qu’il continue de grandir même en hiver, lui a ajouté un autre gène, qui fabrique une protéine antigel prélevé cette fois sur une anguille de roche évoluant dans les eaux glacées de l’Atlantique Nord. Deux gènes épatants achetés à des universités américaines. revers de la performance : ce salmonidé transgénique est stérile, il a une fâcheuse tendance au diabète, et, en prime, il est agressif…
On va dire qu’on s’en fish, puisqu’en Europe, les animaux génétiques modifiés (AGM) sont interdits dans l’assiette. A Bruxelles, on jure la main sur le cœur que le Ceta, le fameux accord de libre-échange signé entre la France et le Canada le 30 octobre dernier, n’y changera que pouic.
Tout irait pour le mieux, doc, s’il n’y avait pas une petite arête. Primo, les importations de saumon canadien vont exploser puisque le Ceta supprime les 15 % de droits de douane qui pesaient dessus, au moment ou la demande en saumon ne cesse de grossir – c’est d’ailleurs le poisson préféré des Français, qui en avalent 2,6 kg par an et par personne. Secundo, si l’idée vient à margoulins, pour doper leur marge, de glisse en douce du transgénique dans les caisses de saumons exportés du Canada, il sera compliqué de s’en apercevoir. La réglementation canadienne n’impose pas en effet d’étiquetage spécifique pour signaler que le poisson est un AGM. Restent bien les tests génétiques que pourrait faire la Commission européenne aux frontières, mais il sont trop chers, entre 5 et 15 euros, et ne sont donc pas au menu pour le moment.
Aquabounty Technologies, qui a pour actionnaire principal une firme misant sue le clonage animal, affiche son objectif : « développer la productivité de l’aquaculture », avec dans ses cartons transgéniques une truite et un tilapia, le poisson d’eau douce le plus consommé au monde.
Bonne année génétiquement modifiée !

A propos werdna01

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