Le bonheur est dans le parc

En France, une hausse de 10 % des espaces verts autour des ­habitations pourrait permettre d’économiser chaque année 56 millions d’euros sur les traitements de l’asthme, et 38 millions sur ceux de l’hypertension artérielle.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 16.01.2018  | Par Sandrine Cabut

Dix mille pas et plus. Petit sondage à l’usage des lecteurs citadins : à quelle distance est le parc le plus proche de votre domicile (ou de votre lieu de travail), et qu’y avez-vous fait la dernière fois que vos pas vous y ont porté ? Pour les employés du Monde, Montsouris est à 1,1 km, soit 1 500 à 1 800 pas. L’équipe des « runners » du journal y trottine au moins une fois par semaine. Ce poumon de 15,5 hectares du 14e arrondissement de la capitale est aussi un lieu privilégié pour marcher, organiser des pique-niques, bouquiner au bord du lac pendant que les enfants profitent des aires de jeux. Ou pratiquer d’autres activités plus ou moins avouables. « Le parc Montsouris c’est le domaine/où je promène mes anomalies/où j’me ­décrasse les antennes/des mesquineries de la vie », chanta Jacques Higelin.

Mais qu’on s’y décrasse les antennes, les poumons ou les gambettes, les parcs et autres espaces verts urbains sont indiscutablement des vecteurs de santé mentale et physique, dont les effets sont de mieux en mieux établis par la science.
Même sans y mettre les pieds, un îlot de nature peut être bénéfique pour notre organisme, comme en témoignage une étude américaine publiée en 1984 dans la revue Science. Roger Ulrich a suivi la convalescence de 46 patients opérés de la vésicule biliaire, une moitié bénéficiant d’une chambre donnant sur des arbres, l’autre ayant vue sur un mur de brique. Devinez quel groupe a consommé moins d’antalgiques, et a quitté l’hôpital en moyenne un jour plus tôt ! ­
Depuis, des centaines d’études ont exploré d’une ­façon ou d’une autre les liens entre ­espaces verts ­urbains – dont la définition est éminemment variable – et santé. Cette abondante littérature a été décortiquée dans un passionnant rapport du bureau ­européen de l’Organisation mondiale de la santé de novembre 2016, intitulé « Urban Green Spaces and Health ». On y découvre par exemple que des études menées en Australie, au Royaume-Uni ou encore en Suède ont retrouvé – avec un niveau de preuves variable – un impact positif des espaces verts sur la santé mentale : diminution des symptômes anxieux ou ­ dépressifs, meilleur développement cognitif et amélioration des signes de trouble de déficit de l’attention et d’hyperactivité (TDAH) chez l’enfant.
Bénéfices des espaces verts

Aller régulièrement dans un parc réduit par ailleurs les risques de diabète, de maladies cardiovasculaires, d’accouchement prématuré, la mortalité de différentes causes… Bref, les bénéfices sont potentiellement importants pour la santé publique, et pour les caisses d’assurance-maladie.
En France, une hausse de 10 % des espaces verts autour des ­ habitations pourrait permettre d’économiser chaque année 56 millions d’euros sur les traitements de l’asthme, et 38 millions sur ceux de l’hypertension artérielle, ont calculé des économistes du cabinet Asteres, en s’appuyant sur les données d’une étude néerlandaise. Ces estimations sont issues du rapport « Les espaces verts urbains : lieux de santé ­publique, vecteurs d’attractivité économique », rendu public en mai 2016.
Quoique encore imparfaitement compris, les bénéfices sanitaires des espaces verts relèvent d’au moins quatre mécanismes. Ces environnements permettent une moindre exposition à la pollution de l’air, aux bruits et à la chaleur des villes ; ils diminuent le stress ; ils facilitent la cohésion sociale et favorisent l’activité physique, thème obsessionnel de cette chronique.

De plus, le green exercise serait encore plus profitable pour la santé qu’un exercice équivalent en pleine ville. Ainsi, les effets sur le cœur et les poumons d’une promenade de deux heures dans Hyde Park sont bien meilleurs que ceux d’une balade dans la très fréquentée Oxford Street, selon une étude chez des Britanniques de plus de 60 ans, en bonne santé ou atteints de bronchite chronique ou d’insuffisance coronarienne (Lancet, décembre 2017). Alors, pour vos 10 000 pas quotidiens, ou simplement pour faire une pause, poussez jusqu’au parc.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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