La conspiration des vendeurs de cartouches d’imprimantes

L’âge de faire – février 2018 – Fabien Ginisty –

A l’occasion de la plainte qu’elle a déposé pour obsolescence programmée, l’association Hop (1) a rassemblé dans un même document les différents éléments qui accusent les fabricants d’imprimantes. Édifiant.
Qu’est-ce qu’une cartouche pour imprimante à jet d’encre ? Un peu de plastique, une petite éponge et 3,5 ml d’encre. Alors comment expliquer que le prix d’un kit de cartouches avoisine celui de l’imprimante elle-même, pourtant plus sophistiquée ? « Une étude réalisée par les principaux producteurs estime que 70 millions de cartouches jet d’encre ont été vendues en 2011. Cela représentait 70 % du chiffre d’affaires global du marché de l’informatique français. L’imprimante doit donc être vue comme un moyen pour les fabricants d’exercer leur cœur de métier : la vente de cartouches.« 
L’association Hop a compilé un ensemble d’études qui alimentent la thèse selon laquelle Epson, HP, Canon et Brother, les quatre principaux fabricants d’imprimantes, s’entendent pour vendre le plus possible de cartouches d’encre, en recourant à diverses techniques d’obsolescence programmée. Par exemple, chez tous les fournisseurs et malgré la hausse continue du prix des cartouches, la contenance en encre a significativement baissé au fil du temps (de 16 ml à 2,5 ml pour une cartouche Epson !). On peut donc suspecter, à l’instar de Hop, que les firmes se sont entendues pour ne pas se concurrencer. Ces dernières ont également mis au point différentes techniques (puces sur les cartouches, logiciels dans les imprimantes) afin de rendre inutilisables les cartouches produites par d’autres fabricants et qui sont vendues beaucoup moins chères.
Le tampon absorbeur n’est pas mort !
L’exposé de Hop explore tout particulièrement le cas de deux autres techniques mises au point par Epson. La première vise à faire croire qu’il n’y a plus d’encre dans la cartouche.Hop rappelle que le niveau d’encre n’est pas mesuré, mais estimé par une puce fixée sur la cartouche en fonction du nombre d’impressions effectuées. « Au bout d’un certain nombre d’impressions, la puce désactive les cartouches, interdisant toute nouvelle impression. Un message indique alors que celles-ci sont vides et qu’elles doivent être remplacées par des neuves. » Or, l’association rappelle qu’il reste au moins 20 % d’encre dans la cartouche, voire 50 % ! Encore plus absurde : quand l’imprimante est équipée d’un scanner, celui-ci est également bloqué, alors qu’un sacn ne nécessite pas d’encre ! Même tromperie pour la soi-disant « fin de vie » du tampon absorbeur, censé dégouliner d’encre au vu du nombre de copies effectuées, et qui bloque également toute nouvelle impression : ce dernier est en fait pratiquement neuf, selon de nombreux témoignages cités dans l’exposé de Hop, et les imprimantes peuvent encore fonctionner de nombreuse années. Sur certains modèles, il existe en effet des logiciels permettant de remettre à zéro les compteurs des imprimantes de manière à les débloquer. Dans le document de Hop, disponible sur le site Internet de l’association dans la rubrique consacrée aux imprimantes, on trouvera des liens Internet pour se procurer ces logiciels, la plupart du temps gratuits.
(1)  ww.halteobsolescence.org/

A propos werdna01

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