Afrique – Enquête : La littérature africaine s’édite (aussi) en Afrique

Au sud du Sahara, des éditeurs du continent se démènent pour toucher le lectorat local et faire contrepoids à l’offre de livres en provenance d’Europe.
LE MONDE Le 09.02.2018  Par Kidi Bebey (contributrice Le Monde Afrique)

April 23, 2017. / AFP PHOTO / CELLOU BINANI

L’Afrique, terre d’oralité ? Pas seulement ! Si l’on prend l’exemple du Mali, la littérature y remonte au Moyen-Age. Les manuscrits anciens, préservés des guerres et des invasions, sauvés des velléités djihadistes, sont là pour en attester. « Nous sommes aussi un pays d’écriture, rappelle Ibrahima Aya, le dynamique directeur des éditions Tombouctou. Tout commence par le texte, oralisé certes mais aussi écrit. » C’est pour prolonger ce témoignage historique qu’il a fondé La Rentrée littéraire du Mali, un festival réunissant du 17 au 24 février, à Bamako, auteurs, éditeurs et amoureux du livre à l’occasion de sa dixième édition.
Vu d’Europe, ce qu’on appelle aujourd’hui « littérature africaine » est généralement constitué de textes d’auteurs originaires d’Afrique subsaharienne et publiés chez des éditeurs européens. Une diffraction qui, à force, peut donner le sentiment que là où l’on ne regarde pas, il ne se passe pas grand-chose, ou alors rien de bien intéressant. La Rentrée littéraire du Mali, dont les acteurs sont pour la plupart inconnus de la sphère parisienne, permet de modifier cette vision. Car les littératures produites sur le continent africain existent bel et bien, ainsi que des acteurs du livre allant des auteurs aux libraires, en passant par les éditeurs, qui, pour certains, affichent des ambitions très fortes malgré d’importantes difficultés.
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Pour eux, en réalité, « se faire reconnaître par le Nord n’est pas du tout le premier enjeu ». C’est ce que souligne Sulaiman Adebowale, fondateur en 2008 des éditions Amalion au Sénégal :
« Si on réfléchit en ces termes, même l’édition française, malgré son importance, demeure à l’ombre d’une édition anglophone bien plus importante encore dans le monde. Certes, New York, Londres ou Paris sont devenus des pôles tels que toute l’industrie du livre a les yeux rivés sur eux, mais cela ne signifie pas que les autres n’existent pas. Il y a pléthore de maisons qui ne se focalisent pas sur leur visibilité à Paris et que cela n’intéresse même pas ! Pour nous, éditeurs africains, l’enjeu est avant tout de produire des livres de qualité émanant d’une chaîne du livre professionnelle et de faire en sorte que nos livres atteignent nos marchés afin que nous en tirions des bénéfices. »
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Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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