L’Elysée boute les journalistes hors du palais « Des privilèges tombent »

Emmanuel Macron a décidé de délocaliser la salle de presse invoquant sa modernisation et son agrandissement pour accueillir plus d’accrédités.

LE MONDE | 15.02.2018  | Par Solenn de Royer
Tout un symbole. Emmanuel Macron, qui verrouille d’une main de fer – sans gant de velours – sa communication, a décidé de délocaliser avant l’été la salle de presse de l’Elysée qui donne sur la cour d’honneur du palais. Le nouvel espace réservé aux journalistes accrédités de manière permanente à la présidence, notamment les agences de presse (AFP, Reuters, etc.), sera désormais situé au 4, rue de l’Elysée, qui longe l’hôtel d’Evreux.

Evoquée depuis l’arrivée de la nouvelle équipe présidentielle, cette idée a suscité dès le début une levée de boucliers des journalistes, pour qui voir les allées et venues dans la cour du palais donne des indications précieuses sur l’activité du président. Huit mois plus tard, les conseillers de M. Macron évoquent un projet immobilier global prôné par la Cour des comptes. « Il va y avoir une série de travaux », a expliqué, il y a deux jours, le chef de l’Etat, promettant des « concertations ».
« Des privilèges tombent »
Invités à une réunion à l’Elysée, mercredi 14 février, pour évoquer les aménagements de leur futur espace de travail, les journalistes ont pu constater que les grandes lignes du projet avaient déjà été décidées. Les conseillers en communication du palais ont reconnu que ce projet de déménagement relevait d’une « décision unilatérale, sans concertation ». « Il y a des privilèges qui tombent », ont-il ajouté. « La présence de ce lieu au sein du bâtiment principal ne relève pas d’un “privilège”, mais résulte de la volonté de transparence des présidents de la République, constamment réaffirmée depuis 1974 », a aussitôt répondu, dans un communiqué, l’association de la presse présidentielle, en demandant de « reconsidérer » cette décision.

Niant toute volonté d’écarter les journalistes, l’Elysée invoque la modernisation et l’agrandissement de la salle de presse qui permettra d’accueillir plus d’accrédités. En guerre avec les médias, le président américain, Donald Trump, avait créé l’émoi juste avant son investiture en menaçant de déménager la briefing room dans une pièce plus grande en dehors de la Maison Blanche, avant d’y renoncer. A l’époque, les mêmes arguments étaient avancés par son administration qui expliquait qu’un plus grand nombre de médias, y compris des blogueurs, pourraient venir y travailler. Dans la nouvelle salle de presse de l’Elysée, les jeunes chaînes d’information continue auront désormais leurs places attitrées.
L’actuelle salle de presse a été installée à l’intérieur des murs du palais par Giscard. En 1984, Mitterrand l’avait transférée dans la cour d’honneur, dans un souci de transparence. « Ce déménagement est-il vraiment une priorité alors que cette salle avait été entièrement refaite pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy ou alors une volonté d’éloigner la presse du pouvoir ? », s’interroge l’ex-communicant de l’Elysée (2007-2012) Franck Louvrier, avant de conclure : « La distance n’empêche pas la critique… »

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Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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