Syrie – En Ghouta orientale, la peur d’un « scénario à la Alep »

Le Monde 20/02/2018
« Chaque minute, ce sont entre 20 et 30 obus qui s’abattent sur des zones résidentielles. » Le témoignage de l’activiste de l’opposition syrienne Mazen Al-Shami, cité lundi par Al-Jazira, donne une idée de l’ampleur des bombardements qui s’abattent sur l’enclave rebelle de la Ghouta orientale, depuis dimanche. Au moins 77 civils dont 20 enfants ont été tués lundi par l’aviation de Bachar Al-Assad dans des raids aériens d’une rare violence. Un carnage qui laisse entrevoir un assaut contre la dernière poche rebelle près de Damas.

De la fumée s’échappe des bâtiments touchés par les bombardements du régime dans la Ghouta orientale, près de Damas, le 19 février. HAMZA AL-AJWEH / AFP
Les bombardements de civils « doivent cesser maintenant », a déclaré le coordinateur de l’ONU pour l’aide humanitaire en Syrie, Panos Moumtzis. « La situation humanitaire des civils dans la Ghouta orientale est totalement hors de contrôle. » Selon une analyse de la correspondante de la BBC au Moyen-Orient, Lina Sinjab, ces attaques « n’ont pas seulement touché des civils, mais aussi tous leurs moyens de survie : des boulangeries, des entrepôts et tout ce qui peut contenir des vivres, ont été touchés ». Pour la journaliste, « c’est la pire journée de bombardements que les gens ont vécu depuis des années ». Les habitants « ont peur d’un nouveau scénario proche de celui d’Alep » précise-t-elle.
Il y a quelques jours, un reportage du Washington Post en Ghouta orientale donnait la parole à des habitants anxieux et désespérés, qui se préparaient au pire. « Le régime a l’intention de nous attaquer de tous les côtés », expliquait Samir Salim, un sauveteur de l’organisation de protection civile Les Casques Blancs. « Ce qui distingue la Ghouta orientale du reste du pays, c’est qu’ils n’ont personne vers qui se tourner pour demander de l’aide » soulignait le Washington Post. « Les puissances internationales impliquées dans d’autres parties de la Syrie ont peu d’intérêts stratégiques à agir dans une banlieue de moins de 350 000 personnes, sans frontières internationales. En conséquence, il n’y a pas d’agents négociateurs comme la Turquie, la Russie ou les Etats-Unis pour déployer des troupes au sol ou conclure un accord en coulisse, des initiatives qui ont contribué à réduire la violence ailleurs dans le pays. »

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