Réformes – Les ministres passent leur entretien d’évaluation à l’Elysée

Les membres du gouvernement sont convoqués tour à tour par Emmanuel Macron pour faire un point sur les réformes afin d’ajuster leur feuille de route pour la rentrée.
Le Monde | 14.02.2018 | Par Cédric Pietralunga
Dans les entreprises, on appelle ça un entretien annuel d’évaluation. Adepte des méthodes du privé, qu’il a notamment connues lorsqu’il était banquier d’affaires chez Rothschild, le président de la République, Emmanuel Macron, a décidé d’inviter un certain nombre de ministres à l’Elysée. Il s’agit de faire le point avec eux sur les objectifs qui ont été déterminés lors de leur nomination, il y a près de neuf mois, et d’ajuster leur feuille de route pour la rentrée.
Les premiers à passer dans le bureau d’angle de l’Elysée, celui où travaille le chef de l’Etat, ont été, lundi 12 février, Gérard Collomb et Jacqueline Gourault (intérieur), ainsi que Jacques Mézard (cohésion des territoires). Bruno Le Maire (économie et finances) et Nicolas Hulot (transition écologique et solidaire) y sont passés le lendemain. Muriel Pénicaud (travail) est attendue jeudi, et Annick Girardin (outre-mer) vendredi. Stéphane Travert (agriculture) a vu son rendez-vous reporté pour raison d’agenda, mais d’autres rencontres devraient être organisées dans les prochaines semaines.
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« L’idée, c’est de faire avec chaque ministre un point d’étape conséquent, une sorte de monitoring, de suivi des réformes voulues par le président », explique-t-on à l’Elysée, précisant que les membres du gouvernement ont été priés de préparer leur rendez-vous.
« Ce sont de vraies réunions de travail, où l’on étale les dossiers sur la table, avec les conseillers de l’Elysée », précise une proche du chef de l’Etat.
Comprendre : il est déconseillé d’y venir les mains dans les poches. Alexis Kohler, le secrétaire général de la présidence, et son adjointe, Anne de Bayser, entre autres, assistent à ces entretiens.
« Tableau des engagements »
Lors des réunions, certains dossiers sont particulièrement étudiés. Jacques Mézard et Gérard Collomb ont été invités à détailler le suivi de la Conférence nationale des territoires, Bruno Le Maire sa loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) et Nicolas Hulot le plan climat. Surtout, Emmanuel Macron tient a vérifier que ses engagements de campagne et au-delà sont tenus.
« Le président est attentif à ce que la parole publique ne soit pas une parole en l’air », explique-t-on à l’Elysée.
Pour cela, un « tableau des engagements » est tenu à jour dans chaque domaine par les conseillers de l’Elysée, qui le partagent avec les ministères.
Ces entretiens sont aussi présentés comme l’occasion pour le chef de l’Etat d’échanger avec les membres du gouvernement qu’il ne croise qu’en conseil des ministres, le mercredi, et avec lesquels il n’a pas ou peu de relations directes. « Emmanuel Macron ne veut pas que certains ministres oublient la vision d’ensemble des réformes et se perdent dans le quotidien », estime un conseiller du premier ministre, Edouard Philippe.
« Efficacité et fluidité »
A l’Elysée, on réfute néanmoins toute forme de pression. « L’idée n’est pas d’être dans la sanction, mais de maintenir une forme d’attention, de tension créatrice dans l’action qui est menée », assure-t-on. Ces entretiens doivent aussi permettre au président de fixer la feuille de route parlementaire de chaque ministère jusqu’à la fin de l’année. « Le calendrier parlementaire est bouclé jusqu’à juin. Là on dessine celui qui ira de septembre à décembre », précise un conseiller d’un ministre déjà passé au tableau.
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En phase avec l’esprit start-up nation que M. Macron veut insuffler au sein de l’Etat, ces entretiens le sont-ils avec celui de la VRépublique ? Selon la Constitution, le premier ministre est le chef du gouvernement et c’est à lui que les ministres répondent de leur action. Mais, pour Matignon, il ne faut pas y voir une mise sous tutelle.
« Les présidents de la République ont toujours eu des contacts avec les ministres, pour le domaine réservé [défense, affaires étrangères], mais aussi au-delà. Ce n’est pas nouveau, assure un proche d’Edouard Philippe. Le suivi de la feuille de route se fait par les deux têtes de l’exécutif : au quotidien par le premier ministre, à des occasions plus solennelles par le président. Ce qui prime, c’est l’efficacité et la fluidité. » Comme dans le privé, en somme.

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