Taxer l’intelligence artificielle pour financer nos vies ?

Un doigt dans l’actualité – février/mars 2018 – Théo Ivanez –
Alors que le Parlement européen a validé la proposition d’octroyer à terme une personnalité juridique aux robots, il a rejeté l’idée d’une « taxe » sur eux qui assurerait pourtant un revenu universel pour les humains qu’ils remplaceront.
A vue de nez, Benoît Hamon et le fondateur du Microsoft Bill Gates n’ont aucun point commun. Pourtant, ils pensent tous deux qu’il faut taxer les robots et l’intelligence artificielle. Car depuis quelques années, l’humanité se délecte à la fois de constater les avancées technologiques en la matière tout en développant les théories les plus paranoïaques. Même des scientifiques de renom comme Stephen Hawking flippe ! Car, comme l’a annoncé Masyoshi Son, PDG du groupe de télécoms japonais Softbankcomme et « papa » de Sophia (ndlr : premier robot a avoir accédé à la citoyenneté d’un pays, en l’occurrence l’Arabie Saoudite où il/elle a d’ailleurs plus de droits que les femmes…) : dans 30 ans, nous serons remplacés par des robots qui auront un QI de 10 000 ! En somme, nous n’aurons plus de boulot et serons considérés par des crétins par nos machines. Notre société n’est pas prête à un tel changement. Ni sur le plan économique, ni sur le plan philosophique…

Conçu à Hong Kong, le robot serait le plus avancé de sa génération selon son créateur, David Hanson. Ancien ingénieur-technicien des parcs Disney, le roboticien a créé Sophia comme un animatronique amélioré, inspirée de l’actrice Audrey Hepburn pour ses pommettes saillantes et ses yeux intrigants.
L’être humain moderne a été programmé pour accepter le dogme selon lequel sa valeur découle de son rôle dans la société : tu as un boulot, tu as une valeur, tu n’en as pas, tu es un boulet ! D’ailleurs ne retrouve-t-on pas quasi systématiquement des le discours politique la fameuse expression « valeur travail » ? Même notre gauche sanctifie le travail et nous répète qu’il faut en trouver pour tout le monde. Sauf que, si nous sommes remplacés par des robots dans trente ans, et même si quelques humain qualifiés seront nécessaires pour en assumer le fonctionnement, l’inactivité humaine deviendra de fait une norme. D’ailleurs si ces robots ont des QI aussi élevés – rappelons que nous sommes considérés comme des surdoués si notre QI dépasse les 130 -, ils seront parfaitement capables d’être autonomes, de se gérer et de s’organiser sans nous ! 
La question est donc simple : comment vivre ? Comment financer notre caisse de retraite, notre sécu, notre système social, si ce financement n’est plus assuré par des retenues sur nos salaires ? Une « taxe robots » permettrait donc un report des charges sur l’activité des robots et des algorithmes. Puisque ce sont eux qui généreront les richesses, les entreprises les utilisant ne devraient-elles pas payer pour rétribuer la « communauté » humaine, garante de la consommation et donc, de notre sacro-sainte croissance ?   
Chaîne de montage automobile
Le Parlement européen a validé l’an dernier la proposition d’octroyer à terme « une personnalité juridique spéciale » pour les robots. Mais il a rejeté l’idée d’une « taxe robots » et d’un revenu universel qui en découlerait pour « maintenir la cohérence social et le bien-être social ».
Cette taxe, qui parait pourtant si logique pour notre œil profane, a ses détracteurs, notamment les plus libéraux, qui arguent (mauvaise foi ?) qu’on ne taxe pas les sèches-cheveux des coiffeurs ou les fours des rôtisseurs alors qu’ils contribuent à créer de la richesse… ajoutant que cette taxe freinerait la modernisation de nos adorables entreprises.
Certes ! Mais, question bête : si on n’a plus de boulot et qu’on n’a plus de revenu, on vit avec quoi au juste ?

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
Cet article, publié dans Débats Idées Points de vue, Science, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.