Editorial. L’objectif de la « refondation » pénale proposée par Emmanuel Macron, mardi, vise à rendre les peines plus efficaces mais aussi à lutter contre la surpopulation carcérale.

. Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis
Le Monde | 07.03.2018
Editorial du « Monde ». Réformer les peines pour rendre à la justice sa crédibilité. Emmanuel Macron a proposé, mardi 6 mars, une profonde refondation de la prison en France. Plutôt que de se contenter d’annoncer la construction de nouveaux établissements pénitentiaires pour répondre à la question de la surpopulation carcérale, le président de la république souhaite aller au-delà, en changeant carrément le logiciel de la sanction et de son application.
La réforme repose sur deux piliers : effectivité et dignité de la peine. La première passe par une réduction drastique des possibilités d’aménagement de celle-ci. Ainsi, une condamnation à un an de prison ferme ne pourra pas être allégée. Pour les peines entre six et douze mois, le juge d’application ne pourra intervenir que s’il est directement saisi par le juge correctionnel. En revanche, les peines de moins d’un mois de prison, « particulièrement inutiles et contre-productives », selon M. Macron, doivent disparaître de l’arsenal des sanctions.
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L’idée est de redonner tout son sens à la sanction d’un délit. Pour cela, il faut que la peine soit exécutée « telle qu’elle a été prononcée », rapidement, et surtout qu’elle soit utile tout en respectant un double objectif : la protection de la société et la réinsertion des condamnés.
Cure de désintoxication
Alors que le taux d’occupation des maisons d’arrêt est en moyenne de 141 % et que l’on compte 100 détenus pour 100 000 habitants, contre seulement 80 en Allemagne, M. Macron s’attaque à une véritable cure de désintoxication de la France à la prison, qui ne doit plus être l’alpha et l’oméga de la sanction pénale. Une philosophie qui est censée alléger la pression sur les capacités des établissements pénitentiaires. De façon cohérente, avec ce changement de paradigme, le président a ramené l’objectif de construction de nouvelles places de prison de 15 000 à 7 000 en cinq ans.
Face à une profession de surveillant qui a été agitée en janvier par un conflit social, notamment sur les questions de sécurité, M. Macron a insisté sur le fait que priver quelqu’un de liberté ne signifie pas lui ôter ses droits. « Pour les prochaines élections européennes, je veux que tous les détenus en France puissent exercer leur droit de vote », a dit le chef de l’Etat, qui a également souhaité que le droit du travail soit adapté aux contraintes de la prison.
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/ AFP / POOL / Mehdi FEDOUACH