Tension – Entre France des villes et France des territoires, un pays qui se vit fracturé

L’Opinion  Edito 12/03/2018 Nicolas Beytout
Il y a des signes qui ne trompent pas. A voir l’insistance avec laquelle le gouvernement souligne sa préoccupation des « territoires », on comprend qu’il a senti le danger : celui d’être accusé d’élargir jour après jour le fossé entre deux France, celle des villes et celle des champs. Alors, chacun y va de sa rurale attitude : la réforme de la SNCF ne supprimera pas une seule petite ligne ; la nouvelle carte hospitalière d’Agnès Buzyn ne provoquera rien d’autre qu’une « gradation géographique » des soins ( !) ; quant à Nicole Belloubet, elle assure que la réforme de la justice n’entraînera aucune fermeture de tribunal.
Pas sûr, cependant, que ces précautions de langage ni la multiplication des déplacements en région du président de la République et de son gouvernement suffiront à étouffer ce bruit de fond persistant. D’abord parce que l’opposition ne rate plus jamais une occasion de taper sur ce clou. Ensuite parce qu’il se passera encore plus de 3 mois avant l’abaissement de la limitation de vitesse à 80km/h, une décision impopulaire qui concerne évidemment au premier chef les ruraux. Enfin parce que, pendant que le gouvernement envoie des signaux à la province, il fait pression sur les municipalités (les maires voient leurs budgets placés sous contrainte), et mène un terrible bras de fer avec les parlementaires (certains départements vont perdre plusieurs élus). Or s’il est vrai que les Français sont, collectivement, pour la réduction du nombre des parlementaires, nombreux sont ceux qui apprécient de pouvoir s’adresser, en direct et individuellement, à leur député, à leur sénateur.
Il y a urgence : caricaturé en « Président des riches » au début de son mandat, Emmanuel Macron est aujourd’hui accusé d’être « Président des villes ». Les deux faces d’une même médaille, celle d’un pays qui se vit fracturé.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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