Interview d’Emmanuel Macron : une prestation qui divise

l’Opinion 16 Avril 2018
« Caricaturer la pensée »
Le président de la République a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. Le ton et la forme de cette interview en direct ont déclenché de nombreuses critiques

Pendant 2h30, le président de la République a encaissé et rendu les coups sur le ring du théâtre de Chaillot. Dimanche 15 avril, en direct, Emmanuel Macron a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. Au lendemain de cette interview musclée, les réactions se multiplient au sein de la classe politique. Et les personnalités formulent de nombreux reproches sur la forme de cet entretien diffusé par RMC, Mediapart et BFM-TV.

Cette interview a été suivie sur BFM-TV par 3,8 millions de téléspectateurs, avec un pic d’audience de 4,23 millions à 20h58, a annoncé lundi la chaîne de télévision, qui enregistre sa deuxième meilleure audience de son histoire. A titre de comparaison, l’interview d’une heure qu’il avait accordée jeudi midi sur TF1 dans le cadre du journal de 13h de Jean-Pierre Pernaut avait été suivie par 6,4 millions de téléspectateurs.

Militantisme ? « Interviewers ou combattants ? », s’est interrogé le député de La REM Gilles Le Gendre. « Drôle d’interview qui consiste en fait à caricaturer la pensée, à faire des amalgames et des postulats sans poser de questions à l’interlocuteur », a dénoncé Marc Fesneau, le président du groupe MoDem à l’Assemblée. « En fait, deux heures d’interview, c’était pour permettre aux deux intervieweurs de faire leur show durant la première ? En ce cas, faisons ce qui prévaut pour les réformes, accélérons! » a affirmé Sacha Houlié, député La REM.

Dans un communiqué, le président de l’Union des démocrates et des indépendants, Jean-Christophe Lagarde a dénoncé un entretien « peu audible » le président ayant « dû ferrailler avec deux journalistes ayant cédé parfois à la tentation militante ». Christian Estrosi, maire LR de Nice y a vu « une caricature d’interview ». Car « en cherchant à abaisser la fonction présidentielle, les journalistes [Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin] abaissent en réalité la fonction de journaliste ».. Damien Abad, un des vice-présidents des Républicains, a également réagi sur CNews. « Les Français n’attendaient pas qu’il fasse un match de boxe ou un match de catch. On attend d’un président de la République qu’il fixe des orientations ». Selon lui, l’exercice affaiblit l’autorité présidentielle ».  « Face à un Jean-Jacques Bourdin que j’apprécie quels que soient ses emportements et à un Edwy Plenel comme toujours détestable, le président Emmanuel Macron est courageux et combatif. Bravo », a félicité le président de l’Assemblée des départements de France, Dominique Bussereau, ex-LR. La secrétaire générale adjointe de LR, Virginie Duby-Muller dénonce « un cadre poussif et brouillon ». Avant d’annoncer : « Aucune annonce, beaucoup d’enfumage. Les Français ne sont pas dupes: le macronisme est un illusionnisme ».
Les critiques LR FI et autres ….
Marine Le Pen
Nicolas Dupont-Aignan,
Gilbert Collard
Eric Coquerel
Jean-Luc Mélenchon
Benoit Hamon
Olivier Faure

Faites entrer l’accusé. Parmi la majorité, la secrétaire d’État chargée de l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa a retenu un « entretien en profondeur. Il n’a esquivé aucune question. C’est une interview qui fera référence ». La député Aurore Bergé s’est étonnée du ton : « J’ai eu l’impression qu’Edwy Plenel s’était un peu trompé d’émission, on était un peu dans ’Faites entrer l’accusé’ plutôt que dans l’interview du président de la République ».
Au micro de RTL, Christophe Castaner, secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement, a lancé : « On a vu un président qui savait encaisser, qui savait castagner aussi quand c’était nécessaire. Il a, je crois, tenu le débat, parce qu’on était effectivement sur quelque chose de viril, de physique ».

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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