Le projet de réforme de la justice : une justice très à l’écoute

Le Canard enchaîné – 11/04/2018 – D. S. –
Une mainmise accrue des procureurs sur les procédures, l’extension des intrusions dans la vie privée et la multiplication des visioconférences : voilà ce que promet, entre autres réjouissances, le projet de réforme de la justice. Pas sûr, pourtant, que le texte qui sera présenté le 18 avril en Conseil des ministres sortira indemne de son examen par le Conseil d’État, dont un éminent membre confie que « certaines dispositions posent problème ». Et c’est peu dire.
Aujourd’hui, autorisées pour les délits passibles cinq ans de prison, les écoutes téléphoniques, interceptions électroniques, géolocalisations et perquisitions pourraient l’être demain pour des infractions punies de 3ans. Soit quasiment toutes, depuis le vol à l’étalage. Et ce sera au procureur d’en décider sans même le regard d’un juge indépendant. Vous pensez que ça ne touchera que les vilains délinquants ? Erreur ! Avec eux, leur famille, leurs proches, leurs copains seront aussi écoutés et localisés.

Quant à la visioconférence, elle sera étendue partout où c’est possible afin d’éviter de coûteuses extractions de prison et les voyages d’experts ou de témoins. Hélas, le terme pompeux de « visioconférence » recouvre des écrans crachotants, et, de ceux qui y apparaissent, on ne capte souvent qu’une voix lointaine et un visage brouillé.
Sans compter le flou artistique du projet sur la fusion des tribunaux d’instance -dits – « de proximité – avec leurs grands frères, dits, eux, « de grande instance ». Du coup, le 11 avril, magistrats, avocats ou greffiers ont manifesté devant la Chancellerie contre « une justice déshumanisée ». Tout de suite les grands mots, quand il ne s’agit  que de petites économies…

Lire : Journée « justice morte » : 4 000 à 7 000 avocats et magistrats défilent à Paris contre la réforme (France Info 11/04/2018)

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