Patrimoine – Celles-sur-Belle (Deux Sèvres) : le grand orgue de l’abbatiale dévoilé

Celles-sur-Belle : ultime étape pour le grand orgue de l’abbatiale
La Nouvelle République  04/03/2018

« Tu vois, l’instrument, je l’entends ». Le jour où Jean-Michel Dieuiaide a prononcé cette phrase, il se tenait dans l’église de Celles-sur-Belle devant un instrument qui n’était pas encore là. Mais le concepteur d’orgue et compositeur, inspecteur de la musique à la ville de Paris, avait déjà en tête le son qu’il rendrait. Ce n’est pas le détail le plus fou d’une histoire déraisonnable, proche de son dénouement.
L’histoire d’un protestant fou de musique, Pierre Archaimbault, qui dit un jour au prêtre de la paroisse : « Ce qui manque dans cette église, c’est tout de même un orgue ». En 1798, un écrit stipule que l’orgue a été détruit pour vétusté, et depuis près de 200 ans, il n’a jamais été remplacé. Pierre Archaimbault a de la suite dans les idées. Il remue ciel et terre pour trouver des fonds. L’association des Amis de l’orgue européen de Celles-sur-Belle est fondée.

“ De l’horlogerie suisse ” De 2014 à 2016, le facteur d’orgue Olivier Chevron construit un instrument dans son atelier de l’Indre. Montée de toutes pièces sur place, la bête énorme, 3.228 tuyaux et 43 jeux, exceptionnelle pour la région, est redémontée pour être remontée de A à Z dans l’abbatiale. Une tribune, capable de supporter 13 tonnes, a été ancrée dans les murs de la tour-donjon. Autour du Chef-Boutonnais Max Quiard, l’association Les Copains de l’enclume a forgé le décor de l’instrument. Il est rare qu’on bâtisse un orgue de nos jours, il est encore plus rare que l’initiative en revienne au privé. « Pour construire un orgue, il faut être un très bon ébéniste, un très bon menuisier, cela tient aussi de la mécanique et de l’horlogerie suisse », sourit Michel Bergé, président de l’association.
« Silence, harmonisation de l’orgue. Merci », prévient un écriteau sur le portail de l’abbatiale. Car on en est à l’ultime étape avant la bénédiction par Mgr Wintzer le 22 avril et la soirée d’inauguration le 5 mai. Un long et pointilleux travail, démarré avant Noël et qui se prolonge. Jean-Michel Dieuaide a conçu l’architecture sonore de l’instrument comme on dessinerait les lignes d’un monument. Maintenant, il faut travailler chacun des 3.228 tuyaux pour que le son qu’il produit trouve sa place dans cet édifice esthétique. Olivier Chevron et l’harmoniste Jean-Pierre Conan s’y attellent. L’un au clavier, tient la note. L’autre s’affaire dans le ventre de l’instrument. Dans le froid, glacial cette semaine, l’exiguïté du lieu ajoutant à l’inconfort, ils dialoguent entre eux et avec les sons : retenir sa respiration, à la recherche d’un souffle de beauté.
 Toutes les photos de l’orgue dans notre diaporama.
Par Éric POLLET

Il compte 3.228 tuyaux et pèse 13 tonnes. Construit grâce à des passionnés opiniâtres, le grand orgue de l’abbatiale de Celles-sur-Belle vit son ultime étape, l’harmonisation, avant d’être inauguré.

Pierre Archaimbault et Michel Bergé, président de l’association des amis de l’orgue européen de Celles-sur-Belle devant l’instrument, installé sur une tribune ancrée dans le mur.  Photo NR, Éric POllet

L’harmoniste Jean-Pierre Conan s’attelle à l’harmonisation de l’orgue. Un travail démarré un peu avant Noël et qui se prolonge encore. Photo NR, Éric POllet

Jean-Pierre Conan travaille sur chacun des 3.228 tuyaux. Objectif : que chacun d’eux produise un son qui trouve sa place dans l’architecture sonore conçue pour l’instrument. Photo NR, Éric POllet

3.228 tuyaux de métal et de bois composent l’orgue de Celles. Photo NR, Éric Pollet

La vue sur la nef et le choeur depuis le tabouret de l’organiste. Photo NR, Éric Pollet

Avant d’être jouable et d’être consacré, l’orgue a besoin encore de nombreuses heures de travail d’harmonisation. Photo NR, Éric Pollet

Abbaye Royale de Celles sur Belle

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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