Théâtre – Censures sans grand sens

L’Opinion 30/07/2018 Olivier Auguste
EditorialS’il est un personnage, à la tête de l’Etat, dont le nom n’est apparu à aucun moment depuis le début de l’affaire Benalla, c’est bien Edouard Philippe. S’il est une péripétie qui ne modifie en rien l’orientation des politiques dont le gouvernement a la charge et que le Parlement doit voter et évaluer, c’est bien l’affaire Benalla. Elle soulève d’innombrables questions sur l’organisation de l’Elysée et des forces de l’ordre, sur le laxisme éventuel d’Emmanuel Macron envers ses proches collaborateurs – questions auxquelles, du reste, le Premier ministre a déjà été soumis par les députés et les sénateurs. Mais elle ne permet pas de remettre en cause la ligne suivie en matière d’emploi, de retraites, d’impôts, de déficits, d’écologie, de défense, d’éducation, d’Europe, de migrations, de relations avec Xi ou Trump, de justice, de santé, de culture…
La logique des deux motions de censure qu’Edouard Philippe affrontera mardi après-midi ne saute donc pas aux yeux. Certes, l’article 49.2 fait partie des outils que la Constitution offre à l’opposition pour se faire entendre solennellement, en sachant très bien qu’elle ne fera pas tomber le gouvernement. Et l’on a suffisamment reproché à l’Assemblée de n’être qu’une chambre d’enregistrement depuis le début du quinquennat pour ne pas s’intéresser à ce soudain regain d’animation. Mais il existe d’autres moyens de remplir sa tâche d’opposant, qui relèvent moins du théâtre politique : le Sénat le démontre avec les auditions calmes et rigoureuses que mène sa commission des lois.
La manœuvre a, en réalité, pour but premier de resserrer les rangs : à droite, elle fait oublier temporairement le flottement sur la révision constitutionnelle; à gauche, les meilleurs ennemis PS-PC-LFI se retrouvent tout aussi temporairement alliés. Mais elle aura le même effet sur les députés macronistes qui feront bloc, laissant de côté la sidération qui a frappé beaucoup d’entre eux depuis dix jours. Un coup pour rien.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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