Anaphore – « Censurez-vous… ? »: Edouard Philippe met les oppositions face à leur incohérence

L’Opinion 31 Juillet 2018 Ivanne Trippenbach
Edito – Au débat sur les deux motions de censure, mardi, les oppositions ont fustigé les dérives du « tout-puissant » Emmanuel Macron et la « subordination » d’Edouard Philippe. Ce dernier a ramené le débat « aux niveaux subalternes de l’Etat »
Les faits – Les députés ont rejeté mardi les deux motions de censure déposées l’une par la droite LR ; l’autre, par une alliance inédite LFI-PS-PCF. La première a recueilli 143 votes, la seconde 74 votes, loin des 289 voix nécessaires pour faire chuter le gouvernement.
Son discours aurait pu débuter par : « Moi, Premier ministre… » A l’Assemblée nationale, mardi, Edouard Philippe a voulu couper l’herbe sous le pied des oppositions survoltées contre le chef de l’Etat. Leur seul angle d’attaque du gouvernement, dans cette affaire où la faute est du côté de l’Elysée : sa faiblesse à empêcher les dérives de la présidence. « Vous n’avez pas eu le cran de dire stop » au « prince tout-puissant », a attaqué Christian Jacob (LR), en ouvrant le débat sur les motions de censure.
Après « l’arrogance » du chef de l’Etat fusillée à droite, la gauche a renchéri sur « l’hyperprésidentialisme » de la Ve République. L’une et l’autre ont symboliquement descendu le Président de son piédestal : Christian Jacob en moquant la « République des copinages malsains », André Chassaigne (PCF) «l’insolence et la vulgarité » d’Emmanuel Macron.
Edouard Philippe a renvoyé la droite, qu’il connaît bien puisqu’il en est issu, à ses propres turpitudes : que dire de la commission d’enquêtes sur les sondages de l’Elysée, du temps de Nicolas Sarkozy, en 2011 ? Il n’y en a jamais eu. L’ancien maire du Havre peut se le permettre : à l’époque, il n’était pas encore député. Pour la gauche marquée par l’affaire Cahuzac, quel délai pour lancer la commission d’enquête ? Six mois. Dernier coup, le Premier ministre a moqué ces « oppositions de rencontre » entre les deux extrémités de l’hémicycle.
« Pardon de rappeler que la présidence de la République et le gouvernement, ce n’est pas la même chose », a-t-il ensuite contre-attaqué. Avant de dérouler, aux grommellements des oppositions, la longue liste de politiques publiques de l’exécutif. Formation professionnelle, politique fiscale, réforme de la SNCF, dédoublement des classes défavorisées, remboursement des prothèses dentaires et auditives… Le tout amorcé par l’anaphore « Censurez-vous… ? » comme une question rhétorique. Un discours très « Matignon » pour dégonfler l’emphase politique.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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