Leçon – Immobilier : les apprentis sorciers de l’impôt

L’Opinion 06/08/2018 Cyrille Lachèvre
L’édito  – Ce furent les derniers mots des ministres avant de partir en vacances. Et ils fleuraient bon le rodage des éléments de langage qu’ils martèleront au retour de la plage. « A la rentrée, les Français percevront enfin les effets bénéfiques de notre politique économique », ont-ils expliqué, évoquant notamment la suppression progressive de la taxe d’habitation pour 80 % des contribuables à partir d’octobre.
Cet optimisme, les détenteurs d’un gros patrimoine ne le partagent probablement pas. Car, ô surprise de l’été, l’impôt sur la fortune immobilière va rapporter plus que prévu à l’origine par Bercy, autour de 1 milliard d’euros.
Voilà le charme de la fiscalité française : on supprime un impôt (l’ISF) que l’on remplace en partie par un autre – l’IFI, portant sur le seul patrimoine immobilier – mais entre deux tours de passe-passe, on réussit à alourdir l’imposition sur l’immobilier, en jouant sur quelques discrets paramètres techniques.
Certes ce petit milliard d’euros sur les riches pèse moins lourd, politiquement, que les 8 milliards de gains pour les plus modestes grâce à la baisse de la taxe d’habitation. Mais il est profondément révélateur : depuis des décennies, l’immobilier est une vache à lait pour le Trésor public en même temps qu’un vaste robinet à distribuer des aides d’Etat. Les ministres s’improvisent apprenti sorcier de l’impôt avec un résultat désastreux : aujourd’hui, l’immobilier n’a plus aucun équilibre en termes de prix. Les locataires gonflent les loyers pour profiter des APL, les Français achètent des appartements trop chers sachant que « le Pinel » compensera, donc les communes vendent leur terrain hors de prix aux promoteurs qui se rattrapent sur l’acquéreur, etc. On appelle cela un marché non efficient. A 2 % du PIB dépensés chaque année, ça fait cher la leçon d’économie.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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