Discrédit – Fake news : vade retro, veritas!

L’Opinion 05/08/2018 Olivier Auguste
L’édito  – Dimanche au saut du lit, Donald Trump a repris sa croisade contre les « médias fake news », « ennemis du peuple ». Comment expliquer cette obsession ? « Vous savez pourquoi je fais ça : pour tous vous discréditer et pour que, quand vous écrirez des histoires négatives à propos de moi, personne ne vous croie », répond l’intéressé à une journaliste citée dans l’un des épisodes de notre nouvelle série estivale. Aveu dont il ne faut pas sous-estimer l’importance. Car, si internet et les réseaux sociaux donnent une résonance inédite aux rumeurs qui ont toujours existé, la vraie nouveauté est que le mot « fake news » est utilisé à tout bout de champ par les populistes pour écarter toute information bien réelle mais qui vient les contredire. Vade retro, veritas !
Confondre sciemment le contenu de titres de presse reconnus et de comptes Facebook anonymes, c’est entraîner les internautes-électeurs sur une pente dangereuse. Jean-Luc Mélenchon pratique ce loisir avec régularité, au point de pouvoir titrer « Les fake news sont l’info » un billet de blog – billet où il dénonce « le ventilateur à boue » qui « crache sans relâche » sur les régimes d’Amérique latine dont il revendique la proximité. Marine Le Pen est l’héritière d’une grande tradition familiale de victimisation. Et François Fillon n’avait trouvé que cette ligne pour se défendre quand les révélations sur ses emplois familiaux ont plombé sa campagne.
Emmanuel Macron s’adonne à son tour à cette facilité lorsqu’il dénonce devant sa majorité des « fadaises de journalistes » au sujet de sa prétendue liaison avec Alexandre Benalla, qu’aucun journal sérieux n’a pourtant évoquée, ou du fait que le même Benalla aurait « détenu les codes nucléaires », sorti d’un site parodique. C’est d’autant plus inquiétant que le Président pousse parallèlement une loi qui entend confier davantage à la sphère étatique (juges, CSA) la surveillance des fake news.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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