Chausse-trappe – Macron dans le piège du prélèvement à la source

L’édito de l’Opinion 30/08/2018 Olivier Auguste
S’agit-il de reculer… pour mieux reculer ? A quatre mois de l’entrée en vigueur, le Président lui-même déclare conditionner à des « clarifications »  sa « décision finale » de lancer le prélèvement à la source (mesure votée par le Parlement à l’automne 2016 !) : ça sent le roussi.
Emmanuel Macron veut « voir en détail » ce que le nouveau mode de paiement de l’impôt sur le revenu « veut dire pour chaque salarié ». C’est tout vu ! Ressources du foyer devinables par l’employeur. Bénéfice retardé des crédits d’impôts. Renvoi de la balle entre entreprise, expert-comptable, éditeur de logiciel de paye et administration fiscale en cas d’erreur de calcul. Confusion pour les employés à domicile. Ponction des jeunes actifs dès leur premier salaire, sans leur laisser une année pour mettre un peu de côté. Désillusion des contribuables qui avaient cru à tort se débarrasser de la corvée de déclaration de revenus et se retrouveront avec des régularisations tardives et incompréhensibles. Et encore, à supposer que la bascule s’effectue sans bug, et sans même évoquer les moyens et le temps consacrés par les entreprises à leur nouvelle tâche de percepteur…
Tout cela est prévisible depuis longtemps. Le chef de l’Etat aurait pu dire stop très vite. Il n’avait aucune obligation de se fourrer dans ce guêpier, n’ayant rien promis sur la retenue à la source pendant la campagne. Mais pendant plus d’un an, Emmanuel Macron s’est laissé bercer par les technocrates de Bercy qui avaient vendu leur « chef-d’œuvre » à son prédécesseur, dont on connaît le goût immodéré pour les joujoux fiscaux. Il est désormais acculé. Prendra-t-il le risque d’aller au casse-pipe en janvier ? Ou renoncera-t-il en septembre, alors qu’il mise tout son mandat sur sa capacité à réformer ? Le piège, qu’il s’est tendu tout seul, se referme.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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