Le Temps 02/08/2018
Si en Suisse on voit pour l’instant ce changement d’un bon œil, dans le sud de la France, où les degrés explosent, chercheurs et viticulteurs doivent s’adapter aux nouvelles conditions climatiques
Réchauffement climatique oblige, le raisin est de plus en plus sucré et les vins plus alcoolisés. La tendance se confirme particulièrement dans les zones les plus chaudes. Dans le sud de la France, les raisins mûrissent plus vite si bien que les vendanges sont parfois avancées de deux à trois semaines. Le vin est passé de 11,5 degrés en moyenne dans les années 1980, à 14 parfois 15 degrés aujourd’hui. Outre leur impact sur les arômes du breuvage, les températures à la hausse ont des conséquences parfois bien plus néfastes, comme lors de la sécheresse de 2016 qui a entraîné 110 millions d’euros de perte.
Si l’on en croit les scénarios les plus catastrophistes, en l’occurrence une étude américaine publiée en 2013 dans la revue PNAS, le vignoble occitan, comme beaucoup d’autres en Europe, aura complètement disparu à l’horizon 2050.
«Ce scénario est faussé car il est statique. Il n’a pas pris en compte la capacité d’adaptation des viticulteurs, des cépages et des cultures», explique Jean-Marc Touzard, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) à Montpellier et coanimateur du projet Laccave sur l’adaptation des vignobles français au changement climatique.
Désalcoolisation
Depuis 2012, ce projet de recherche regroupe 24 laboratoires français en agronomie, œnologie, climatologie ou génétique. Ceux-ci travaillent en étroite collaboration avec des viticulteurs comme ceux de Banyuls dans les Pyrénées-Orientales, qui pour avoir un vin moins puissant ont modifié l’exposition au soleil du vignoble, ou bien encore ceux du pic Saint-Loup dans l’Hérault qui ont déplacé leurs vignes en altitude.
« On est capables de contrôler la vinification avec une gamme plus étendue de processus qui tendent à conduire le vin vers un produit industriel