Progressistes, nationalistes – Droite-gauche : les blocs se fissurent

L’Opinion 10/09/2018 Nicolas Beytout
L’édito C’est « l’enterrement de la politique des blocs », a constaté, amer, le Premier ministre de Suède après s’être fait sévèrement recadrer lors des élections législatives de dimanche. Son parti social-démocrate s’est retrouvé au coude à coude avec l’alliance de la droite libérale et conservatrice, menacé par l’extrême droite et incapable de former un gouvernement majoritaire. Une nouvelle époque.
Pays après pays, l’Europe tourne la page des décennies d’après-guerre, celles où les idéologies dominaient la politique, et où le rapport gauche-droite structurait la société. Cette confrontation se faisait dans des conditions plus ou moins radicales, avec des blocs de gauche rassemblant jusqu’aux communistes et des blocs de droite allant des centristes aux limites du souverainisme. Mais il sortait toujours des urnes des majorités à peu près cohérentes. Et lorsque, comme en Allemagne, une coalition droite-gauche se retrouvait aux commandes du pays, elle ne laissait plus d’espace aux autres forces politiques, les extrêmes.
C’est précisément cela qui est en train de changer. Les extrêmes ont désormais le pouvoir à portée de main. Soit seuls comme en Hongrie, soit lorsque, à la façon de l’Italie, ils tentent sous la bannière du souverainisme de jeter des ponts les uns vers les autres, enjambant sans complexe l’ensemble du paysage politique pour se retrouver unis sur le minimum : la détestation de l’Europe et le rejet des migrants.
C’est en s’appuyant sur cette nouvelle cartographie politique qu’Emmanuel Macron espère cadrer la campagne électorale pour les européennes. Jouer les progressistes contre les nationalistes. Un pari fou tant qu’il sera plus facile de faire campagne contre Bruxelles que de trouver un plus grand dénominateur commun chez tous ceux qui s’accordent pour défendre l’Europe mais se divisent sur tout le reste.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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