Privatisations d’Aéroport de Paris et de la Française des Jeux : le risque de l’usine à gaz

Challenges – 03/10/2018 – Alice Mérieux –
C’est cet après-midi que les députés discutent les articles de la loi Pacte qui autorisent les privatisations d’ADP, de la FDJ et d’Engie. Des opérations à haut risque pour un objectif « petit bras ».
FDJ bientôt privatiséePhoto Benoît Tessier
Bataille idéologique en vue, à l’Assemblée nationale, aujourd’hui. C’est cet après-midi en effet que les députés vont examiner les éléments les plus polémiques de la loi Pacte. Les articles 44 à 52 prévoient d’autoriser l’Etat à passer sous le seuil de 50 % dans ADP (Aéroports de Paris), à descendre sous le tiers des droits de vote à Engie et à privatiser la Française des Jeux (FDJ). Un retour aux grandes privatisations et leurs galères que l’on n’avait plus osées depuis les années 2000 et les introductions en Bourse d’EDF, de France Télécom et la privatisation des autoroutes par les gouvernements Jospin et Villepin. Et qui, aujourd’hui comme hier, déchainent passions et antagonismes d’antan. Et l’on entend le PS en cœur avec la France insoumise et l’extrême droite hurler à « l’escroquerie » et pleurer la vente de « bijoux de famille ». En face, on vante les vertus d’un l’Etat actionnaire « agile » qui « fait tourner ses participations ».
Il n’est pourtant pas nécessaire d’en passer par les privatisations pour agir en investisseur avisé. Il n’y a qu’à voir les dernières manœuvres de l’Agence des participations de l’Etat (APE) ces dernières semaines pour s’en convaincre. En lançant la cession de 2,35 % de Safran le 1er octobre, l’Etat actionnaire va empocher environ 1,2 milliard d’euros. Le communiqué de Bercy précise que « le produit de cession de ces titres servira à alimenter le fonds pour l’innovation et l’industrie (FII) dédié au financement des innovations de rupture ». Celui-là même que doit alimenter le produit des privatisations. Le bon milliard de Safran s’ajoutera donc au 1,6 milliard tiré de la vente le 4 septembre d’actions Engie. Pas si compliqué finalement de tirer quelque argent de la vente de participations publiques. Il y a encore de beaux gisements dans le portefeuille boursier de l’Etat, comme un reliquat de 10,8 % de Safran (5,3 milliards), du Peugeot (2,4 milliards) voire de l’Orange (8,3 milliards). Mais à force de cessions de plus-values par-ci par-là, le portefeuille de l’APE s’épuise. Et les valeurs non stratégiques se raréfient. Pourquoi dès lors de se passer de ces opérations sur ADP, la FDJ et Engie qui, selon les « conditions de marché », pourraient rapporter une vingtaine de milliards. Au risque d’une certaine complexité…

A propos werdna01

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