Et maintenant ?

l’Opinion 25/11/2018 Rémi Godeau
Macron et les Gilets jaunes : le spectre de l’immobilisme
Edito Encore ministre, Emmanuel Macron l’assurait : « La bonne réforme, ce n’est pas l’immobilisme. » Désormais chef de l’Etat, le voilà contraint d’agir dans l’urgence pour éviter une fin prématurée de son «mandat de transformation». Matignon peut se rassurer avec la faible mobilisation des Gilets jaunes, samedi, et le désir d’ordre après les images de violence à Paris. Et l’Elysée peut parier sur la rapidité de sa réponse politique, une grande consultation citoyenne sur la transition énergétique officialisée dès mardi. Il n’empêche, la question se pose : le Président a-t-il dilapidé toutes ses marges de manœuvre au point d’en être réduit à gérer la paralysie jusqu’en 2022 ?
Pour la SNCF, le gouvernement avait tenu, avec succès, au point d’imaginer qu’il avait décroché son brevet de réforme illimité. Mais il s’agissait d’une bataille annoncée et préparée de longue date, ciblée sur des «rentiers de la République» ayant perdu leur soutien populaire. Rien de tel avec le mouvement des Gilets jaunes, une éruption sociale qui sape les fondements du macronisme par les erreurs commises.
Erreur de diagnostic : le Président a sous-estimé le ras-le-bol fiscal, la capacité de l’administration à imposer un jeu de bonneteau aussi opaque qu’explosif, et l’impérative nécessité de réduire la dépense pour stopper le matraquage des classes moyennes. Erreur de méthode : le court-circuitage des corps intermédiaires, à l’origine justifié par leur conservatisme, s’est avéré un accélérateur de fracture entre les deux France – la verticalité a vécu. Erreur de stratégie : par essence punitive parce que ne tenant pas compte de la capacité contributive de chacun, la fiscalité écologique impliquait «en même temps» des mesures correctives.
Dans ce contexte, la «réponse de sens» promise par le Président s’annonce délicate. L’alternative : bouger sans donner l’impression de zigzaguer, ou retomber pour de bon dans le vieux monde.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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